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Le Gaon Rabbi Mattityah Gardji Zatsal

Parmi les personnalités qui ont éclairé le ciel du judaïsme d’Afghanistan, brille le nom de Rabbi Mattityah Gardji zatsal, qui fut Rav et décisionnaire, qui a enseigné la Torah à ses disciples et qui était le chef spirituel de la communauté juive de la ville de Harat en Afghanistan.

Rabbi Mattitiyah Gardji zatsal est né du tsadik et ‘hassid Rabbi Mordekhaï Gardji zatsal, qui était l’un des hommes de stature de la ville de Machad en Iran, où il fut ‘hazan et décisionnaire pour sa communauté. Rabbi Mattityah reçut l’essentiel de sa formation en Torah au grand « Beit HaMidrach » qui avait été fondé par les responsables de la communauté pour des jeunes gens doués qui aspiraient à étudier la Torah. Il s’y éleva dans les degrés de la Torah et de la crainte du Ciel, et s’y épanouit glorieusement. Alors qu’il était encore jeune, il reçut la semikhat ‘hakhamim, ce qui lui permettait de trancher des questions de halakha pour la communauté. Il émerveillait tous les sages par son intelligence aiguisée et la profondeur de sa droiture. Sa bonne réputation se répandait comme un parfum chez les Sages et les dayanim.

Malgré sa grande modestie et son humilité, Rabbi Mattityah porta sur ses épaules de nombreuses tâches pour placer la vie de la communauté sur la base solide d’une vie de Torah et de crainte du Ciel. Comme il connaissait la valeur de son rôle, il défendait de toutes ses forces la vie religieuse, en regardant comment vivaient les membres de sa communauté, s’ils étaient dans le droit chemin, et en cas de besoin, il n’épargnait pas non plus le bâton et critiquait les actes répréhensibles, même s’ils ne paraissaient pas très graves.

Dans la vie profane de la communauté et ses soucis quotidiens, ses membres, les petits comme les grands, suivaient les directives de Rabbi Mattityah. C’est lui qui dirigeait toutes les affaires du peuple. Naturellement, les autorités et les gouverneurs de la ville reconnaissaient également l’autorité spirituelle des Sages des juifs et leurs jugements basés sur la vérité et la paix. Souvent, ils avaient l’habitude de prendre conseil d’eux dans des sujets de litige.

Les anciens de la communauté racontent une histoire extraordinaire qui est arrivée à Rabbi Mattityah Gardji, où les gens ont vu de leurs propres yeux la grandeur et le statut élevé de leur Rav vénéré et la force de sa foi et de sa confiance en Hachem. Voici ce qui s’était passé :

A l’entrée de la fête de Soukkot, les dirigeants de la communauté employèrent le serviteur de l’un des habitants non-juifs de la ville, pour qu’il sorte dans les villages des environs et s’occupe de veiller aux besoins des habitants pour les quatre espèces.

Le serviteur sortit pour accomplir sa mission, mais curieusement, il ne revint pas. Comme il tardait à revenir pendant un jour et deux, les juifs supposèrent qu’il avait dû être fait prisonnier par des brigands en chemin, ou qu’il lui était arrivé un autre malheur.

Son maître, qui désespérait déjà de le revoir, s’adressa aux dirigeants de la communauté juive en réclamant une indemnité s’élevant à une somme énorme, ce qui n’était évidemment pas dans les moyens de la communauté, qui n’était pas du tout riche.

Le refus des dirigeants de la communauté de payer une amende pour la disparition du serviteur qu’ils avaient envoyé mena le demandeur à les menacer de les traduire en justice s’ils ne lui donnaient pas la totalité de la somme avant tel jour qu’il leur fixa. De leur côté, les dirigeants de la communauté voulurent lui proposer un compromis et le convaincre de renoncer à une partie de ses exigences financières. Pour cela, ils avaient besoin de l’accord du Grand Rabbin, Rabbi Mattityah Gardji, afin que lui aussi les soutienne et défende la proposition de compromis telle qu’elle avait été proposée aux parties.

A la surprise de tous les dirigeants de la communauté, Rabbi Matittyah repoussa leur proposition sans leur expliquer la raison de son refus absolu. Les chefs de la communauté commencèrent à lui expliquer la gravité de la chose, combien il serait dramatique d’aller au tribunal avec une plainte pareille, qui pouvait causer un grand dommage à la communauté juive. Mais Rabbi Mattityah ne changea pas d’avis et les repoussa avec les mots « Hachem aura pitié… »

Le jour prévu pour le jugement, tous les dirigeants de la communauté sortirent pour aller chez le gouverneur, avec à leur tête Rabbi Mattityah, qui avait en bouche le refrain « Hachem aura pitié ».

Quand tout le monde rentra dans la salle du Tribunal, le gouverneur ordonna à l’accusateur de présenter sa plainte. Celui-ci se leva et se mit à raconter qu’il avait un esclave, Untel fils d’Untel, que les dirigeants de la communauté l’avaient employé pour leurs besoins personnels, afin qu’il aille dans les villages des environs s’occuper de fournir aux habitants les quatre espèces, mais que comme l’esclave avait disparu alors qu’il était sous leur autorité, il exigeait d’eux une indemnité financière.

Quand il termina son discours, le gouverneur lui ordonna de raconter une nouvelle fois tous les détails de son accusation. Il revint effectivement sur ses paroles, qu’il avait un esclave Untel, que les dirigeants de la communauté l’avaient employé pour leurs besoins, etc.

Quand il termina de présenter sa requête pour la deuxième fois, à la surprise générale le gouverneur lui ordonna de raconter une troisième fois. L’homme n’avait pas le choix et il dut se mettre à répéter l’histoire et à raconter au juge qu’il avait un esclave Untel fils d’Untel. Mais cette fois-là, quand il répéta le mot « esclave », le gouverneur lui dit avec colère : Qu’avez-vous dit ? Esclave ?

– Un musulman serait esclave ? Comment osez-vous traiter un musulman d’esclave ?

De colère, le gouverneur ordonna de renvoyer l’accusateur humilié, celui qui avait osé dans son insolence traiter un musulman d’esclave, et les dirigeants de la communauté, qui étaient stupéfaits de ce spectacle étonnant, il les congédia avec de bonnes paroles…

Alors, les dirigeants de la communauté comprirent la signification profonde des mots « Hachem aura pitié » que leur Rav avait à la bouche pendant toutes les tentatives de compromis. Ces paroles comprenaient en elles un univers entier, un pur avis de Torah et une vision de l’avenir qui n’est révélée qu’aux justes qui font confiance à Hachem et s’inclinent devant Lui en vérité.

A la fin de ses jours, Rabbi Mattityah mérita de concrétiser son aspiration à monter en Terre Sainte, et il se fixa à Jérusalem. Là aussi, il fut très impliqué dans la vie de la Torah, en investissant d’immenses forces dans l’éducation des enfants juifs à la Torah et aux mitsvot, tout en maintenant une activité très variée de tsedaka et de ‘hessed à l’intérieur de la communauté.

Sa merveilleuse vie se termina le 14 Kislev 5670. Que sa mémoire soit une bénédiction.

 

 
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