Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi Mena’hem Mendel Alter • Le Dernier Rav De La Ville De Kalisch

Rabbi Mena’hem Mendel était extrêmement doué. Il était grand en Torah et érudit dans tous les domaines du Talmud et des décisionnaires, perspicace dans les affaires de ce monde et d’une grande fermeté. Il était d’une grande lignée, étant fils du Rabbi de Gour, le Sefat Emet, et fait pour être un meneur.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’à un âge encore très jeune, les grands de la Torah l’aient considéré avec beaucoup d’estime, et lui aient prédit un avenir brillant. Rabbi Mendele (comme on l’appelait en Pologne) ne déçut pas ses ‘hassidim, et avec les années il devint un grand chef spirituel, le président de l’Assemblée des rabbanim de Pologne et membre de l’Assemblée des grands de la Torah.

Rabbi Mendele est né en 5637 (1877) de Rabbi Yéhouda Arié Leib, le Admor de Gour, auteur de Sefat Emet. Dès son enfance il brillait par des dons extraordinaires et était connu comme un enfant prodige. Il faisait preuve d’une grande assiduité. Vers l’âge de quinze ans, son père lui fit épouser la fille du Admor Rabbi Avraham de Radomsk, auteur de ‘Hessed LeAvraham. La femme de sa jeunesse mourut en laissant un fils, Avraham Issachar Eliahou, qui occupa plus tard la place de son père comme Rav de Pavianits. Il se remaria avec la fille de Rabbi Moché Privess de Varsovie, le petit-fils de Rabbi ‘Haïm Elazar Wachs, le Néfech ‘Haya, dont il eut trois fils et trois filles.

Dans la petite ville de Gour, où habitait son grand frère, Rabbi Avraham Mordekhaï Alter de Gour, Rabbi Mendele resta enfermé chez lui à étudier la Torah de façon totalement désintéressée. Il surveillait son temps de très près et ne perdait pas le moindre instant. Il avait fixé des heures spéciales pour recevoir, et le reste du temps, il restait assis dans sa chambre remplie de livres à étudier la Torah. Il écrivit beaucoup de commentaires merveilleux, mais notait surtout ses remarques dans les marges de ses livres, dans tous les domaines de la Torah. Malheureusement, la plupart de ses écrits ont été perdus dans l’Holocauste, et seuls quelques commentaires ont été imprimés par son fils Rabbi ‘Haïm Elazar Alter, directeur de la yéchivah Sefat Emet à Jérusalem.

A Gour, il fonda une grande yéchivah appelée Darkei Noam qu’il dirigeait. Des centaines d’élèves y vinrent pour entendre ses merveilleux cours et se réchauffer à sa lumière. Il introduisit une nouveauté à la yéchivah : il invitait de grands rabbanim de tout le pays à donner des cours, chacun venant pour une semaine comme conférencier invité. Il voulait que ses élèves connaissent les méthodes d’étude des grands de la Torah de l’époque.

Il prit aussi l’initiative d’éditer deux journaux quotidiens, l’un en hébreu intitulé HaKol (« La voix ») et l’autre en yiddish appelé Das Warsche-Wer Tagblatt (« La feuille quotidienne de Varsovie »). Grâce à cela, l’idée d’une organisation orthodoxe indépendante en Pologne, sans influence étrangère, fit son chemin, et il fut à juste titre couronné du nom de pionnier du journalisme religieux.

Au début, Rabbi Mendel n’avait pas l’intention d’être Rav, et entreprit de faire du commerce, mais les affaires ne marchaient pas et il perdit presque tout son argent. Alors il se convainquit que du Ciel on voulait qu’il soit Rav en Israël. En 5681 (1921), quand les responsables de la communauté de la ville de Pavianits s’adressèrent à lui pour lui demander d’être le Rav de leur ville, il n’hésita plus et accepta cette tâche.

En arrivant à Pavianits, il s’intéressa à tout ce qui concernait la ville. Il fit beaucoup dans le domaine de l’éducation orthodoxe et construisit un bâtiment spécial pour la yéchivah. Il était actif dans tous les domaines de la vie publique. Il s’aperçut que les habitants de la ville, qui étaient riches, vivaient une vie de superflu et de gâchis, et dépensaient beaucoup d’argent dans des fêtes de famille, comme des mariages et des circoncisions. Il édicta des décrets et limita le nombre des invités à un mariage, à des fiançailles, à une circoncision et à une Bar Mitsva. Les habitants de la ville lui obéirent, car le Rav, bien que plongé dans ses études, ses cours et son service de Dieu, trouvait toujours le temps d’aider sa communauté. Sa maison, son cœur et sa main étaient ouverts à tous, et nombreux étaient ceux qui venaient lui demander conseil, aide et bénédiction. Il ne refusait à personne.

Il était actif dans l’Assemblée des Grands de la Torah et dans Agoudat Israël, et en 5695 (1935), il fut choisi comme président de l’Assemblée des rabbanim de Pologne, et faisait partie des orateurs principaux sur tout ce qui concernait le judaïsme. On se souvient encore des derniers mots qu’il a prononcés dans la dernière Assemblée des rabbanim de Pologne avant l’Holocauste. La grave question débattue était le « décret sur la che’hita » que le gouvernement de Pologne était sur le point d’édicter. En tant que président de l’Assemblée des rabbanim, Rabbi Mendele ouvrit la séance par ces mots : « Le décret sur la che’hita n’a pas été pris contre les bêtes, mais contre nous. Ils parlent au nom des animaux muets, au nom de la justice et de la droiture humaines et morales. De qui veulent-ils se moquer, de nous les juifs ? Nous avons l’expérience, et nous savons que le décret sur la che’hita ne concerne pas les bêtes, c’est nous qu’on veut égorger. Souvenez-vous bien : c’est nous qu’on veut égorger ! » (L’histoire des juifs de Kalisch). A notre grand regret, le Rav savait ce qu’il prophétisait : le judaïsme de Pologne fut égorgé sans pitié.

Deux ans avant l’Holocauste, il devint Rav de la grande et importante communauté de la ville de Kalisch. Pendant la brève époque où il fut Rav de Kalisch, il réussit à largement influencer beaucoup de domaines touchant à la communauté. Quand la dernière guerre éclata, le Rav et sa communauté s’enfuirent à Varsovie, où il s’enferma dans le ghetto avec des dizaines de milliers de juifs. Secrètement, Rabbi Mendel envoya des lettres à tous les ‘hassidim de Gour pour qu’ils organisent des cours de Torah en public. Dans sa lettre, il écrivait que son père saint lui était apparu en rêve et lui avait dit : « C’est un moment d’épreuve pour Ya’akov, de mauvais jours se préparent pour les juifs et nous devons nous renforcer dans l’étude de la Torah. »

On raconte beaucoup de choses sur sa noble conduite et ses paroles d’encouragement dans les situations les plus pénibles. Mais son dernier acte l’élève au rang le plus élevé de la sainteté et de la pureté.

Quand on l’emmena en train vers le camp de la mort de Treblinka, il parla à ceux qui se trouvaient avec lui dans le wagon pour qu’ils se préparent à mourir pour « sanctifier le nom de Dieu ». Tout le monde l’écoutait avec la crainte du sacré. Tout à coup le train s’arrêta avant d’arriver à Treblinka. Alors Rabbi Mendele proclama : « Je promets le monde à venir à celui qui m’apportera un peu d’eau. » Un juif sauta du wagon au risque de sa vie et lui apporta un peu d’eau en pensant que le Rav avait soif. Mais Rabbi Mendele ne la but pas, il se lava les mains et s’écria d’une voix forte pour tous les juifs qui se tenaient autour de lui :

– Juifs, disons le vidouï avant de mourir !

Le Rav dit le vidouï d’une voix émue et tous les juifs le répétèrent après lui, c’est ainsi qu’il alla à la mort dans la sainteté et la pureté.

En Av, le 7 août 1942, son âme pure monta aux Cieux. Il avait 65 ans quand il tomba aux mains des maudits Allemands assassins. Puisse Dieu venger son sang.

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan