Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbeinou Moche Ben Na’hman • Le Ramban

L’histoire d’Erets-Israël connaît beaucoup de pionniers qui sont venus pour chérir sa poussière. Nous avons entendu parler des disciples du Gra et de ceux du Ba’al Chem Tov, qui sont venus pour construire des villes et des villages. Nous connaissons aussi les derniers pionniers, qui sont arrivés au courant de notre siècle et ont bâti les déserts. Mais nous savons très peu de choses du premier pionnier qui est arrivé en Erets-Israël après de longues et difficiles péripéties, et a renouvelé la colonie juive de Jérusalem. Il s’agit de notre maître Moché ben Na’hman, le Ramban, qui est arrivé aux portes du pays le neuf Elloul 5027 (1267), à l’âge de soixante-trois ans.

Notre maître Moché fils de Rabbi Na’hman, le Ramban, est né à Gérone en Catalogne espagnole en 4954 (1194), de descendants d’une célèbre famille de rabbanim. Il a étudié la Torah chez Rabbi Nathan fils de Rabbi Méïr de Trinquetel, et Rabbi Yéhouda fils de Rabbi Yakar. Il a aussi étudié les langues et les sciences et s’est perfectionné en médecine, qu’il pratiquait pour gagner sa vie.

Déjà très jeune, vers l’âge de seize ans, il commença à composer ses commentaires sur le Talmud, et se fit connaître comme un érudit dans toute la Torah. Il a également écrit un commentaire profond sur la Torah et sur le livre de Job.

Dans sa jeunesse, il épousa une femme qui lui donna trois fils. Le Ramban passa la plus grande partie de sa vie dans la tranquillité à Gérone, sa ville natale, entouré d’un large cercle de grands disciples, comme Rabbi Chelomo ben Adéret (le Rachba) et Rabbi Aaron Halévi (le Ra’ah), qui sont devenus des lumières dans l’étude du Talmud.

Mais à l’âge de sa vieillesse, certains événements vinrent bouleverser son repos et le faire sortir de sa sérénité, au point qu’il dut quitter l’Espagne.

En 5023 (1263), on demanda au Ramban de venir à Barcelone pour un débat public sur la foi avec l’apostat Pablo Christiani, en présence du roi Jacques I d’Aragon. Avec beaucoup d’audace et de courage, le Ramban mena la lutte contre lui et sa religion et sortit de la discussion avec de grands honneurs. Le lendemain du débat, le roi reçut le Rav et lui donna trois cents dinars d’or pour les frais du voyage. Mais quand il eut noté par écrit les arguments de la controverse, les prêtres exigèrent du roi qu’il soit puni pour avoir porté atteinte dans son livre aux principes de la foi chrétienne. Il décida alors de quitter l’Espagne et de se rendre en Erets-Israël.

Le Ramban avait désiré toute sa vie s’y installer. Dans son oeuvre, il parle beaucoup de tout le bon du pays, de sa sainteté et de sa gloire, de la beauté de ses paysages et de son climat. Dans son commentaire sur la Torah, il interprète le verset des réprimandes : « Puis Moi-Même Je désolerai cette terre, si bien que vos ennemis, qui l’occuperont, en seront stupéfaits » (Lévitique 26, 32) comme une bonne nouvelle qui annonce pour tous les exils que notre pays n’acceptera pas nos ennemis. « Et cela aussi est une grande preuve et promesse pour nous, car on ne trouvera en aucun endroit habité un pays qui soit beau et grand, qui a toujours été habité et qui est aussi désolé que lui, puisque depuis que nous en sommes partis, il n’a accepté aucune nation, et que tout le monde s’efforce de s’y installer sans pouvoir y réussir. »

Le Ramban compte l’installation en Erets-Israël parmi les six cent treize mitsvoth, à cause du verset : « Vous hériterez du pays et vous vous y établirez » (Nombres 33, 53). Il dit : « A mon avis, c’est une mitsvah positive, qui leur ordonne de s’installer en Erets-Israël et d’en hériter, car elle leur a été donnée et on ne néglige pas l’héritage de Dieu.

Et s’il leur vient à l’idée d’aller conquérir l’Ethiopie, l’Assyrie ou d’autres pays et de s’y installer, c’est une infraction à une mitsvah de Dieu. »

A Chemini Atseret, avant de se séparer de sa communauté, il donna un cours sur le livre de Kohélet, dans lequel il fit allusion à la raison de son départ. Il raconta que notre père Avraham était né en terre étrangère où il avait combattu contre l’idolâtrie, que le roi, craignant qu’il ne détourne le cœur des habitants du pays de leurs croyances, l’exila, et qu’il se rendit alors en Erets-Israël.

A la fin de l’année 5027 (1267), après un très long voyage, le Ramban arriva au port de St Jean d’Acre, où il ne resta que quelques jours, et le 9 Elloul il entra dans Jérusalem.

Le pays était alors désert et dévasté, la ville de Jérusalem était totalement détruite, et les juifs qui y vivaient avaient été cruellement exterminés. Quand il vit ces ruines terribles, il déchira ses vêtements selon la loi, et en arrivant à l’emplacement du Temple il les déchira de nouveau et lut avec émotion le psaume 79 : « Psaume d’Assaph, ô Dieu, des étrangers sont venus dans ton héritage, ils ont souillé Ta sainte demeure, ils ont réduit Jérusalem à un monceau de décombres ».

En arrivant à la ville sainte, le Ramban ne trouva que deux frères teinturiers, parmi les plus pauvres du peuple. Dans toute la ville de Jérusalem il n’y avait même pas une seule synagogue. C’est seulement le Chabath et les fêtes que les quelques juifs de l’endroit se rassemblaient chez les frères teinturiers pour prier ensemble.

Il s’efforça immédiatement de construire une synagogue. Il trouva une maison en ruines construite sur des colonnes de marbre avec un superbe dôme, et y établit la synagogue. A Roch Hachanah, il fit un sermon pour les juifs sur la pureté et la sainteté d’Erets-Israël.

Il ne se contenta pas d’une maison de prière, mais voulant faire de Jérusalem un centre de Torah, d’où sortirait la Torah pour tout Israël, il y établit une grande yéchivah. Très rapidement, elle fut célèbre dans tout le pays, et de nombreux disciples, venus de près et de loin, et particulièrement des pays voisins, se pressèrent autour de lui,. Dans les lettres qu’il a envoyées à ses fils et à ses disciples à l’étranger, il leur demande de soutenir sa yéchivah. Il fonda également le fonds de charité de Rabbi Méïr Ba’al HaNess, qui lui permit de soutenir la yéchivah plus efficacement.

Le Ramban fut actif à Jérusalem pendant trois ans, et réussit à renouveler la communauté, non seulement à Jérusalem mais aussi dans les autres villes du pays. A partir de son arrivée, les juifs de Jérusalem ont commencé à se répandre dans le reste du pays, et c’est un mouvement qui se poursuit jusqu’à ce jour. C’est à juste titre qu’on lui a donné le titre de « fondateur de la nouvelle communauté en Erets-Israël. »

Le 11 Nissan 5030 (1270), son âme pure monta au Ciel, et il fut enterré à Haïfa à côté de la tombe de Rabbi Ye’hiel de Paris. Mais selon une autre tradition, la tombe du Ramban se trouve à Hébron, à côté des escaliers extérieurs du Tombeau de Makhpela.

La légende raconte que lorsque le Ramban a quitté l’Espagne pour Erets-Israël, ses disciples lui ont demandé de leur donner un signe pour connaître le jour de sa mort. Il leur dit que le jour de sa mort, la stèle de sa mère se fendrait, et qu’on y verrait la forme d’une menorah. Trois ans plus tard, on trouva la stèle fendue, et à l’intérieur, une forme de menorah. Alors on sut que le prince de la Torah et de la sagesse était mort, et tout Israël en tous lieux prit le deuil pour lui.

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan