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Rabbi Moché Schik • Le « Maharam Schik »

Rabbi Moché Schik, le Rav de ‘Hust, était unique en son genre. Toutes les grandes qualités que les Sages estimaient devoir être celles d’un grand d’Israël se trouvaient chez lui. Il était profond en Torah et sage dans les affaires de ce monde. Il disait la vérité et jugeait avec droiture. Il était pieux et humble et ne craignait personne. Il était constamment installé dans la tente de la Torah, et rédigeait rapidement des responsa. Il était érudit et à l’esprit vif. Il était aimé et respecté. Il était véritablement le prince de la Torah dans sa génération, et un centre d’attraction pour tous ceux qui l’interrogeaient en halakhah et lui demandaient conseil dans leurs ennuis.

Rabbi Moché est né le 21 Adar 5667 (1807), dans la petite ville de Rezawa en Hongrie. Son père Rabbi Yossef, qui vivait honnêtement et droitement, mourut alors qu’il n’avait que six ans. La vive intelligence de Moché se fit connaître dès son enfance. Il était extrêmement assidu, et révisait toujours ce qu’il étudiait à l’école. A dix ans, il connaissait par cœur toute la Bible et les six ordres de la Michnah, et à un âge encore très jeune il avait la renommée d’un génie extraordinaire.

A l’âge de onze ans, il quitta sa mère pour aller étudier la Torah à la yéchivah de son oncle Rabbi Yitz’hak Frenkel, le Rav de Freuen Kirchen. Il y resta trois ans puis revint chez sa mère en connaissant par cœur plusieurs traités et beaucoup de sujets du Talmud. Il décida alors d’aller à la ville de Presbourg pour y apprendre la Torah chez le gaon Rabbi Moché Sofer, auteur du « ‘Hatam Sofer ». N’ayant pas les moyens de louer une voiture pour y aller, il partit à pied, allant de ville en ville et de village en village jusqu’à Presbourg, où il arriva deux jours avant Yom Kippour, avec en main quatre peroutoth seulement.

A Yom Kippour après la prière de Moussaf, le ‘Hatam Sofer avait l’habitude de parler de Torah avec ses élèves. Un jeune garçon, petit de taille, écoutait attentivement les paroles du Rav, et tout à coup il exprima son avis et apporta une preuve tout à fait pertinente aux propos de son maître. Ce qu’il disait attira l’attention du ‘Hatam Sofer, qui lui demanda qui il était et comment il s’appelait. Le garçon répondit : – Je m’appelle Moché de Rezawa. – Moché, dit le Rav, tu dîneras chez nous après le jeûne. A partir de ce moment-là, l’élève s’attacha à son Rav pour toute sa vie.

Il resta six ans à la yéchivah de Presbourg, pendant lesquels il absorba toute la Torah de son maître le ‘Hatam Sofer. Celui-ci, qui voyait qu’il y avait en lui une bénédiction et qu’il était né pour la grandeur, le traitait avec beaucoup d’affection et se réjouissait avec lui de ses paroles de Torah. Il mérita aussi de faire partie de ceux qui mangeaient à sa table le Chabath et les fêtes. Avant longtemps, il devint familier de tous les domaines de la Torah. Il était très aimé des élèves de la yéchivah, car outre sa grandeur en Torah, en crainte du ciel et en belles qualités, il était humble et effacé, d’un tempérament doux et d’un comportement agréable. Il était aimable avec tout le monde, parlait calmement et aimait tous les juifs.

A l’âge de vingt ans, il épousa la fille d’un homme très riche, Rabbi Perets Frenkel de la ville de Halitosch. Il resta dix ans chez son beau-père en étudiant la Torah nuit et jour. A ce moment-là, la communauté de Yerguin cherchait un grand Rav pour venir chez elle, et demanda l’avis du ‘Hatam Sofer, qui répondit : « Si vous voulez pour Rav un gaon et un tsaddik, prenez Rabbi Moché Schik. »

Il resta vingt-quatre ans dans la petite ville de Yerguin, s’occupant de sa communauté comme un père plein de miséricorde. Son génie n’était pas seulement intellectuel, il avait aussi le génie du cœur. Il aimait faire le bien, et sa joie était grande quand il réussissait à rendre service à celui qui s’adressait à lui quand il avait un ennui. Une fois un paysan vint le trouver ; le même jour, le Rav avait reçu son salaire de trois mois ; cet homme pleura devant lui que sa vie était en grand danger, car il devait au ministre cent pièces d’or, une somme énorme à l’époque, pour l’eau-de-vie qu’il lui avait achetée. Le ministre avait menacé de le tuer s’il ne payait pas sa dette. Le Rav donna au juif une lettre à remettre au ministre. Mais il répliqua : « J’ai peur qu’avant de lire la lettre, il me tue. » « S’il en est ainsi, dit le Rav, envoyez la lettre par un messager. » Quand le juif ouvrit la porte après que le messager eut remis la lettre, le ministre lui dit en riant : « Apparemment, ton Rav est très riche. » Naturellement, la lettre contenait cent pièces d’or.

Il se contentait de peu, haïssait la corruption et évitait de recevoir des cadeaux. Un jour, il sentit que le bedeau, qui avait l’habitude de lui remettre son salaire, lui avait donné plus qu’il n’était convenu. Il l’envoya immédiatement chercher et lui dit : « Tu dois t’être trompé cette fois-ci. » Le bedeau répondit : « Je ne me suis pas trompé, les responsables de la communauté ont décidé de vous augmenter. » Le Rav refusa de prendre cette augmentation, en disant : « Il y a quelques mois, les instituteurs ont demandé une augmentation, et les responsables de la communauté ont refusé de la leur donner, sous prétexte qu’il n’y avait pas d’argent. Ils n’ont pas augmenté non plus le dayan et les cho’hatim ». Quand le bedeau rapporta les paroles du Rav aux responsables de la communauté, ils firent une réunion et décidèrent d’augmenter aussi le dayan, les cho’hatim, les instituteurs et le bedeau. Alors seulement le Rav accepta de prendre l’augmentation.

La réputation du Rav de Yerguin s’étendait au loin. Beaucoup de gens venaient le trouver pour entendre de lui la parole de Dieu, et par la pureté de sa personnalité, il avait une bonne influence sur tous ceux qui entraient en contact avec lui. Son Rav le ‘Hatam Sofer venait aussi le trouver souvent, quand il donnait ses cours devant ses élèves, et il s’asseyait pour écouter ses paroles qui illuminaient le ciel de leur éclat.

En 5621 (1861), il fut accepté comme Rav de la grande ville de Hust en Hongrie. Dans cette communauté florissante s’ouvrirent devant lui de nouveaux horizons. Il ouvrit une grande yéchivah dont sortirent des dirigeants pour Israël. Il veillait aussi sur le « Talmud Torah » de la ville, et toutes les semaines il examinait les enfants. A son époque commença en Allemagne le mouvement de la Réforme, qui voulait permettre des choses que nos pères et les pères de nos pères avait coutume d’interdire. Rabbi Moché Schik écrivit beaucoup de réponses où il dévoile les mauvaises intentions des Réformés. Tout usage d’Israël était saint à ses yeux, et il défendait la coutume de toutes ses forces. Quand on voulut abolir l’usage selon laquelle le marié s’enveloppe de son vêtement mortuaire sous le dais nuptial, le Rav en expliqua la beauté : « Ce vêtement est le signe d’une alliance d’amour dans le couple, jusqu’à la mort, car elle seule les séparera ». Il lutta également avec ceux qui changent leur nom et adoptent des noms de leur pays, y voyant un danger pour l’existence du peuple d’Israël. Il avait l’habitude de dire : « Quand a été édicté un décret royal selon lequel tout juif était obligé de se donner un nom de famille, en plus de son nom saint, le premier de notre famille ne voulut pas s’y plier, car c’était pour lui une chose grave de changer de nom. Quand on l’y a obligé, il a dit : « Je m’appelle Schik, nom composé des initiales de Chem Israël Kadoch (le nom d’Israël est saint). »

Le Chabath 1er Chevat 5639 (1879), l’âme de Rabbi Moché le quitta en sainteté et en pureté. Les plus grands de la génération firent son oraison funèbre, et dirent : « De Moché – Rabbi Moché le ‘Hatam Sofer – jusqu’à Moché, personne ne s’est levé comme Moché ».

Le nombre des réponses qu’il avait données à ceux qui l’interrogeaient atteint plus de mille, qui recouvrent tous les domaines de la Torah. Elles ont été rassemblées en quatre parties, qui constituent les Responsa du Maharam Schik. Il a aussi laissé des écrits en plus de vingt volumes de commentaires sur des problèmes recouvrant la plus grande partie du Talmud.

 

 

 
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