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Rabbi Moche Sofer Auteur Du ‘Hatam Sofer

Rabbeinou Moché Sofer, plus connu sous le nom de ‘Hatam Sofer, (du nom de son livre, composé des initiales : ‘Hidouchei Torah Moché Sofer), fait partie des guéonim et tsaddikim aimés de tout le peuple et dont le nom est considéré comme saint.

La formule « de Moché jusqu’à Moché, personne ne s’est levé comme Moché » a été dite sur le Rambam, puis sur le Rema (Rabbi Moché Isserlis) par rapport au Rambam ; de nombreuses personnes du peuple l’ont utilisée de nouveau pour Rabbeinou Moché Sofer, le ‘Hatam Sofer. Ils ont dit : « De notre maître Moché (Maïmonide) jusqu’à notre maître Moché (Sofer), personne ne s’est levé comme Moché ». Cet adage permet de comprendre de quels yeux ses contemporains regardaient leur grand Rav, l’égalant à l’un des Richonim, qui ont toujours raison en matière de halakhah.

Rabbi Moché Sofer est né le 7 Tichri 5623 (14 septembre 1762) à Francfort sur le Main en Allemagne. Son père, Rabbi Chemouël, était un homme plein de sagesse et de crainte du Ciel, qui s’était fait connaître par son travail de scribe. C’était une profession familiale, d’où le nom de Sofer (« scribe » en hébreu). La mère de Rabbi Moché était connue dans la ville comme « Reisel la tsadkanit », à cause de ses nombreux actes de charité.

Voici ce qu’on raconte sur la naissance de Rabbi Moché Sofer : Rabbi Chemouël et sa femme Reisel furent stériles pendant vingt ans, et tous deux multipliaient les prières, les jeûnes et les dons à la tsedakah. Au bout de vingt ans, Reisel conçut et enfanta un fils. Elle sentit la naissance arriver la veille de Chabath Techouvah, vers le soir, et elle avait très peur qu’on soit obligé de profaner le Chabath à cause d’elle. Elle envoya chercher le Rav de la ville, Rabbi Avraham Abouch, pour lui demander de lui rendre le service d’ordonner qu’on attende jusqu’à la naissance pour accueillir le Chabath à la synagogue. (Habituellement, on accueillait le Chabath très tôt). Le Rav accepta, en disant : « Il est certain que l’enfant qui sortira de cette tsadkanit  sera l’un des grands d’Israël » ; cet enfant fut Rabbi Moché Sofer.

On raconte qu’un jour à Sim’hat Torah, au moment des hakafot, quand il avait trois ans, Rabbi Avraham Abouch le prit  dans ses bras et s’adressa au public en disant :

– Vous tournez tous autour de l’estrade avec des sifrei Torah en main, et moi je tourne avec dans les bras un enfant qui est un séfer Torah vivant...

A neuf ans, il se mit à étudier avec l’un des plus grands de son époque, le gaon et ‘hassid Rabbi Nathan Adler de Francfort-sur-le-Main. Et bien qu’il ait appris la Torah d’autres grands rabbanim, Rabbi Nathan Adler a toujours été considéré comme son maître principal. Il mangeait et dormait chez le Rav et apprenait de lui non seulement la Torah, mais aussi la façon de se comporter.

Un jour, à l’âge de seize ans, le ‘Hatam Sofer raconta à Rabbi Nathan Adler qu’il avait terminé le Talmud. Il demanda à son maître :

– Rabbi, quel fête dois-je faire aujourd’hui, où grâce à Dieu j’ai mérité de terminer l’étude du Talmud ?

Rabbi Nathan lui dit :

– Une fête de jeûne.

Il lui ordonna de jeûner pendant trois jours consécutifs.

Plus tard, Rabbi Nathan Adler devint le Rav de Boscowitz. Rabbi Moché, qui était extrêmement attaché à son Rav, le suivit. Il quitta non seulement la maison de son père, mais aussi la ville de ses ancêtres, et partit avec son maître à Boscowitz, où il s’installa chez lui et le servit de toutes ses forces.

Vers sa vieillesse, il racontait ce service à ses élèves dans ces termes : « J’était un fidèle disciple de mon maître, je coupais du bois et je puisais de l’eau pour lui. Et c’est cela qui m’a soutenu. Servir la Torah est plus important que de l’étudier. »

Il a également dit à ses disciples : « J’étais meilleur élève que vous. Mais il faut dire que j’avais un meilleur maître que vous. »

Ou encore :

« Un jour, je suis parti avec mon maître pour un grand voyage en hiver. En chemin, il a voulu manger du pain qu’il avait, et il n’y avait pas d’eau pour se laver les mains. Je suis descendu de la voiture, j’ai pris le verre de mon maître, je l’ai rempli de glace, et je l’ai tenu dans mes deux mains jusqu’à se qu’il se réchauffe et que la glace se mette à fondre et devienne de l’eau, assez pour qu’il puisse se laver les mains. Je l’ai alors présenté à mon maître. J’étais un élève fidèle à mon maître, et j’ai reçu de lui son enseignement. »

Rabbi Nathan ne voulait pas que Rabbi Moché dépende de lui, mais il le poussait à être indépendant et à se faire connaître dans le monde pour ses talents brillants et son caractère élevé. Rabbi Moché, bien qu’il ne désirât pas devenir rabbin, était un disciple fidèle, et après s’être marié, il devint Rav de la communauté de Reznitz en Moravie. Il avait alors trente-deux ans. De là il passa à la communauté de Prusnitz, puis à l’importante communauté orthodoxe de Mattersdorf. Dès qu’il arriva à Mattersdorf, le ‘Hatam Sofer établit une yéchivah, où affluèrent les élèves de tous les environs.

Il y resta huit ans, et son nom devint célèbre dans toute la Hongrie comme Rav, décisionnaire et enseignant de Torah. Quand Rabbi Mechoulam Igra, le célèbre Rav de Presbourg, mourut, on vint proposer son poste à Rabbi Moché Sofer.

Au début de 5667 (1806), il devint Rav de Presbourg, où il resta trente-trois ans.

En arrivant à Presbourg, il ouvrit une grande yéchivah d’où sortirent la Torah et les décisions halakhiques, ainsi que de nombreuses grandes personnalités, qui éclairèrent la diaspora. Il ne manqua jamais son cours aux centaines d’élèves, sauf à Ticha BéAv ; même la nuit de Yom Kippour, il donnait cours.

Les disciples qui sortaient de sa yéchivah l’aidèrent dans sa lutte contre ceux qui voulaient installer le mouvement de la Réforme à Presbourg. On connaît son mot célèbre : « Ce qui est nouveau [littéralement : la nouvelle récolte] est interdit par la Torah ». D’après le ’Hatam Sofer, la Réforme renie le Dieu d’Israël et Sa Torah, ainsi que le peuple d’Israël et ses particularités.

La ville de Presbourg mérita désormais le surnom de « Jérusalem de Hongrie ». Les yeux des juifs partout où ils se trouvaient étaient tournés vers la maison d’étude du ‘Hatam Sofer. Les grands de la génération lui envoyaient des questions en halakhah. Des chefs de communauté et des dirigeants montaient à Presbourg pour prendre conseil du ‘Hatam Sofer et recevoir ses directives. Et lui, Rabbi Moché Sofer, se considérait non seulement comme le Rav de la communauté, mais s’efforçait également, selon les besoins de l’heure, de prendre soin de communautés très lointaines, à des milliers de kilomètres de Presbourg. En ce temps-là, on disait : « Car de Presbourg sortira la Torah ».

En 5693 (1833), le gouvernement accepta de donner aux juifs l’égalité des droits. La joie fut immense dans la foule, et des chefs de communauté demandèrent à leur Rav de dire ce qu’il en pensait. Le ‘Hatam Sofer monta sur l’estrade, et dit : « A mon avis, non seulement il n’y a pas de quoi se réjouir, mais au contraire, c’est une décision à regretter. A quoi est-ce que cela ressemble ? A un fils de roi qui avait été exilé par son père. Au bout de quelques temps, il lui envoya des maçons pour lui construire un palais à l’étranger. A la grande surprise des maçons, le fils éclata en sanglots et dit : « A présent, je crois que je vais rester encore longtemps en exil. Autrement, mon père n’aurait pas pris la peine de me construire un palais ici. » Et le ‘Hatam Sofer continua : « Maintenant, j’ai peur que le Roi des rois veuille nous laisser encore longtemps en exil » ; il éclata en pleurs, et avec lui toute la communauté.

La grandeur dans la Torah de Rabbi Moché Sofer était égalée, et peut-être surpassée,  par sa grandeur en humilité. Mille trois cent soixante-dix sept réponses ont été imprimées en son nom, sans compter des commentaires sur le Talmud en quelques volumes, et des livres de discours, mais tout cela a été imprimé après sa mort. Il n’a pas permis qu’on imprime ses réponses et ses commentaires de son vivant. Voici la façon merveilleuse dont il l’expliquait à ceux qui lui en demandaient la raison : « J’ai entendu dire de votre grandeur que j’avais écrit un discours, et on m’a demandé de vous l’envoyer : mon cœur ne me permet pas encore de le faire. En effet, la plupart des gens, qui sont plus grands et meilleurs que moi, ou tout au moins autant, n’ont pas besoin de moi. Quant au tout petit nombre qui me sont inférieurs, pourquoi me donner du mal pour une telle minorité... j’écris dans un livre tout ce que m’inspire Dieu, c’est à la disposition de tout le monde, quiconque veut copier peut venir le faire. C’est ce que faisaient nos ancêtres avant l’imprimerie, et je n’ai pas le devoir de faire plus. »

Le 25 Tichri 5600 (1839), il cria d’une voix puissante Chema Israël, et son âme sortit en pureté. Plus de quatre-vingt dix livres manuscrits furent portés par ses élèves pour suivre le cercueil.

 

 
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