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Rabbi Nahoum Zeev Ziv

Il y avait dans la diaspora des petites villes écartées qui ont acquis une renommée universelle dans le monde juif à cause des grands de la Torah qui y ont vécu. L’une d’entre elles est Kelem en Lituanie, qui est devenue célèbre par le mérite de ses tsaddikim, le Maguid de Kelem, Rabbi Leib ‘Hassid, et surtout l’homme du moussar, Rabbi Sim’ha Zissel Ziv, connu dans le monde des yéchivoth sous le nom du « Saba de Kelem ». Le mot « Kelem », nom de la ville où se trouvait Rabbi Sim’ha Zissel, et d’où il répandait l’enseignement du moussar, dans le « Beit Hatalmud » qu’il avait construit, au profit de Sages de la Torah connus et pour leur intelligence et leur crainte du Ciel, ce mot est devenu dans le cercle des yéchivot synonyme du système de moussar de Rabbi Sim’ha Zissel.

Pendant toute sa vie, Rabbi Sim’ha Zissel se consacra essentiellement à l’éducation. C’était un grand pédagogue et il savait pénétrer dans les profondeurs de l’âme humaine, c’est pourquoi il se consacra à enseigner aux jeunes la Torah et le moussar. Il réussit à former des centaines d’élèves grands en Torah et en moussar qui sont ensuite devenus les plus grands enseignants de moussar de la génération. Il a également mérité que ses enfants, un fils et deux filles, suivent ses traces et deviennent des personnalités exemplaires.

Rabbi Sim’ha Zissel avait un seul fils du nom de Rabbi Na’houm Zéev, et deux filles dont l’une s’appelait Ra’hel Guittel et l’autre Ne’hama Leibe. On disait que pour avoir une idée de la grandeur de Rabbi Sim’ha Zissel, il suffisait de regarder ses enfants, car aux fruits on reconnaît l’arbre.

Rabbi Na’houm Zéev fut entièrement éduqué par son père, qui, s’étant aperçu qu’il était doué d’une intelligence aiguë et profonde, se consacra à lui avec une grande fermeté. S’il voyait en lui une faute quelconque, il le grondait sévèrement. Parfois, il cessait de lui parler s’il constatait une légère lacune. Grâce à cette éducation, son fils devint une grande personnalité de moussar.

Rabbi Na’houm Zéev, ou comme on l’appelait Rabbi Na’houm Velvel, fit du commerce toute sa vie. Il dirigea de grandes affaires de bois et de forêts, mais en même temps étudiait la Torah au moins six heures par jour. Il n’annula jamais les horaires d’étude qu’il s’était fixés.

On raconte que quand il dirigeait son affaire à Koenigsberg, en Prusse, il s’était fixé de se lever à trois heures du matin pour étudier jusqu’au moment de la prière. Après la prière et le petit déjeuner, il travaillait dans son usine jusqu’à midi. Ensuite, il consacrait tout son temps à des occupations communautaires et à la Torah. Tous les marchands qui faisaient des affaires avec lui savaient qu’on ne pouvait lui parler que jusqu’à midi, et que si par hasard on arrivait l’après-midi, il fallait attendre jusqu’au lendemain.

Il arriva qu’ayant fait de mauvaises affaires, il perdit tout son argent, et malgré tout il ne modifia rien à son emploi du temps, et il était impossible de discerner en lui le moindre changement. Même les souffrances du corps ne le privèrent pas de la paix de l’âme. Il disait : « Les souffrances sont les envoyés du Saint béni soit-Il et il faut les accepter avec amour ». Pour la même raison, il ne permit pas qu’on lui fasse des piqûres pour soulager ses douleurs.

Rabbi Na’houm Zéev était modeste dans tout ce qui concernait son service de Dieu, et prenait grand soin de cacher ses bonnes actions. Il avait l’air d’un riche marchand, s’habillait comme un bourgeois plutôt que comme un Rav, et rien ne laissait deviner dans son aspect extérieur qu’il était un grand tsaddik et que toutes ses pensées étaient tournées vers le service de Dieu.

Un jour, un Rav polonais arriva à la ville de Koenigsberg. Quand il vint à la synagogue, Rabbi Na’houm Zéev, qui excellait dans la mitsvah de l’hospitalité, s’approcha de lui pour l’inviter. Le Rav, qui était extrêmement minutieux sur les mitsvoth, ne voulait pas aller chez lui, car il avait l’aspect extérieur et le vêtement d’un juif allemand ordinaire. Rabbi Na’houm Zéev insista beaucoup, et le Rav accepta son invitation. Quand il entra chez lui et vit que c’était apparemment une maison de riche qui semblait suivre toutes les coutumes allemandes, il décida de ne pas faire confiance à la cacherout de cet homme, et se nourrit d’aliments séchés sur lesquels il n’y avait aucun problème possible.

Au milieu de la nuit, le Rav entendit des pleurs qui sortaient de la chambre de Rabbi Na’houm Zéev. Il eut très peur, se leva rapidement et s’approcha de la pièce. Et voici qu’il entendit Rabbi Na’houm Zéev répéter sans cesse le verset : « Tout ce que tu as la possibilité de faire, fais-le, car il n’y a au chéol, où tu te rends, ni acte ni explication ni intelligence ni connaissance » (Ecclésiaste 9, 10). Une fois qu’il eut terminé son étude de moussar, le Rav entendit qu’il commençait à étudier la Guemara d’une très belle voix jusqu’au petit matin. Il trouva cela mystérieux, et apprit seulement le lendemain qui était son hôte.

A la fin de l’année 5670 (1910), il partit vivre à Kelem et dirigea le « Beit Hatalmud » avec son beau-frère Rabbi Tsvi Broda. Il se consacra à cette tâche de toute son âme, en lui donnant tout son temps. Il ne recevait aucun salaire de l’institution, et comblait souvent de sa poche le déficit du budget. Il fit merveille dans cette tâche et forma des disciples qui devinrent grands.

Rabbi Yérou’ham Leivovits, le Machgia’h de la yéchivah de Mir, qui le considérait comme son Rav par excellence, disait de lui que par la force de sa parole et de sa sagesse, il pouvait attirer le monde entier vers le moussar, mais qu’étant extrêmement humble, il s’en considérait comme indigne. Il disait que Rabbi Na’houm Zéev était la plus belle création de Rabbi Sim’ha Zissel.

Ses élèves parlent beaucoup des derniers jours de leur Rav. Au cours de la dernière maladie dont il mourut, il souffrit énormément, et malgré tout reposait dans une sérénité totale. Son médecin non-juif lui avait révélé que ses jours étaient comptés. Quand on demanda au médecin pourquoi il le lui avait dit, alors que cela pouvait avoir une mauvaise influence sur sa santé, il répondit qu’il connaissait le Rav, et que chez lui la mort n’était qu’un passage d’un monde à un autre. La veille de sa mort, il donna un cours de moussar devant le public du « Beit HaTalmud », sur le sujet : « Le jour de la mort est meilleur que celui de la naissance ».

Il fut parfaitement lucide jusqu’au dernier moment. Il donna diverses instructions sur la façon de se comporter pendant son enterrement et son deuil, et ordonna à sa famille de ne pas manger de poisson le Chabath qui suivrait son décès, de peur que par tristesse ils ne fassent pas attention aux arrêtes et n’aient à en souffrir. Il demanda qu’on ne fasse aucun compliment sur lui après sa mort, mais permit qu’après la semaine de deuil, quelqu’un du « Beit HaTalmud », Rabbi Israël Stam, fasse un seul compliment : qu’il avait la volonté de se rapprocher de la foi.

Le Vendredi 2 Chevat 5676 (1916), il quitta ce monde à presque soixante ans. Il laissa trois filles qui épousèrent les plus talentueux du « Beit HaTalmud » : Rabbi Daniel Movchowitz, Rabbi Guerchon Miadnik et Rabbi Eliahou Eliezer Dessler. Les deux premiers le remplacèrent à la direction du « Beit HaTalmud » et disparurent dans l’Holocauste. Le troisième assuma des tâches de moussar dans diverses institutions de Torah à l’étranger, et à la fin de sa vie fut machguia’h de la yéchivah de Poniewitz à Bnei Brak.

 

 
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