Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi Tsvi Hirsch Lévine • Le Rav de Berlin

Rabbi Tsvi Hirsch Lévine, auteur de «Tsvi Latsaddik», fut l’un des grands de sa génération et de ses Sages. Il était doué d’une intelligence aiguë et d’une compréhension rapide, et réussissait à répondre aux objections des maskilim qui voulaient détruire toute la tradition. La Providence l’a chargé de mener le combat de la Torah contre toutes sortes d’athées et d’impies qui sévissaient alors dans la ville de Berlin.

Rabbi Tsvi Hirsch est né en 1721 à Rezettsa, petite ville de Pologne. Dès son enfance, il se fit remarquer par la vivacité de son esprit et la beauté de son caractère. Un jour, à Roch Hachanah avant les sonneries du chofar, son père le trouva installé en train de manger.

– Hirschele, lui demanda-t-il, ne sais-tu pas qu’il est interdit de manger avant les tekiot ?

– Je sais, Papa, je le sais, répondit immédiatement l’enfant, mais comme la mitsvah de sonner le chofar a pour but principal de troubler le Satan pour qu’il ne se mette pas à accuser, j’ai voulu moi aussi le troubler. Le Satan sait certaine-ment qu’il est interdit de manger avant les tekiot, et quand il verra que je mange, il se dira : les benei Israël ont certainement déjà sonné le chofar – et il n’accusera pas. Hirschele n’avait alors que quatre ans.

Encore très jeune, il devint connu de toute la région comme un jeune génie. Une riche veuve entendit parler de lui et le prit comme mari pour sa fille, lui donnant une belle dot, et promettant d’assurer sa subsistance pour qu’il puisse étudier la Torah tranquillement. Après le mariage, il se mit à étudier dans la ville de Glouna, où il enseignait également.

Au bout de quelques années, sa belle-mère quitta ce monde, et la famille se retrouva sans moyens de subsistance, avec déjà trois enfants. Sa femme fit tout son possible pour qu’il puisse continuer à étudier. Elle vendit ses bijoux, ses cou-verts d’argent, et changea ses chandeliers d’argent pour des chandeliers de cuivre.

Un jour, en revenant du Beith Midrach, il trouva sa femme en larmes, et à la question : «Pourquoi pleures-tu ?», elle répondit : «J’ai déjà vendu tout ce qu’il y avait à la maison, il ne me reste qu’une seule petite cuillère dont la vente nous permettra de prendre un petit déjeuner.» «Vends la petite cuillère aussi, dit Rabbi Tsvi Hirsch, et quand nous aurons mangé nous réfléchirons à ce qu’il faut faire.» Ce même jour Rabbi Tsvi Hirsch Lévine reçut une lettre de Londres qui lui demandait d’assumer le poste de Rav dans cette ville. La femme éclata de joie, remercia D. et appela ses enfants pour qu’ils embrassent leur père, aussi grand dans la confiance en D. qu’en Torah. Rabbi Tsvi Hirsch lui-même ne voyait dans ce poste aucune raison de se réjouir. Voici comment il interprétait la michnah : «Aime le travail et déteste la rabbanout» : Aime le travail de la rabbanout, l’étude de la Torah, et déteste ce qui dans ce poste provoque une négligence dans l’étude.

A Londres, Rabbi Tsvi Hirsch fut satisfait dans la mesure où il gagnait largement sa vie ; mais personne ne cherchait à étudier auprès de lui, et il ne trouvait personne à qui enseigner. C’est pourquoi il ne tarda pas à décider de se rendre à Halberstadt, qui lui demandait de venir être son Rav. Les responsables de la communauté de Londres firent de leur mieux pour l’inciter à rester, en disant : comparée à Londres, Halberstadt ressemble à un nain à côté d’un géant. La ville d’Halberstadt est petite et pauvre, alors que la communauté juive de Londres est grande et riche. Il y a beaucoup de juifs qui y passent («ovrim vé-chavim») pour leurs affaires, et ils contribuent également à augmenter les revenus du Rav.

– Oui, répondit le Rav, il y a effectivement dans votre ville beaucoup de transgresseurs («ovrim»), mais ceux qui se repentent («chavim») sont bien peu nombreux !

Les supplications de sa femme et de sa famille furent également inutiles, et il partit s’installer à Halberstadt.

Là, son étoile monta et se mit à briller. De nombreux élèves se rassemblèrent dans la grande yéchivah qu’il fonda. Ceux qui étudiaient dans la ville étaient heureux de sa présence, et lui de la leur. Malgré tout, il ne resta Rav à Halberstadt que cinq ans, et de là passa à Manheim, pour remplacer son ami Rabbi Chemouël Hillman.

A Manheim, il devint célèbre. Même les non-juifs le connaissait comme tant un Rav sage et intelligent, et le duc de Manheim le respectait beaucoup. Un jour, il demanda au Rav : «N’est-il pas écrit dans la Torah que votre Dieu est un Dieu jaloux et vengeur, alors que notre Dieu est un Dieu d’amour et de bonté ?» Le Rav lui répondit : «Je suis tout à fait d’accord, notre Dieu a pris sur lui la jalousie et la vengeance et nous a laissé l’amour et le pardon. Mais votre Dieu, qui a pris sur lui tout l’amour et le pardon, vous a donné la jalousie et la vengeance.»

En 5532 (1782), Rabbi Tsvi Hirsch fut appelé à la rabbanout de Berlin, qui était à l’époque une très grande communauté juive, honorable par le nombre de ses érudits. Berlin accueillit avec faste son nouveau Rav, dont le nom était connu dans le monde entier.

Mais il n’y trouva pas le repos auquel il aspirait. Les réformés, qui étaient alors nombreux dans la communauté de Berlin, s’élevèrent contre lui, et il leur tint tête. Sans égards pour quiconque, il parlait durement aux riches de la communauté et à ses maskilim, et plus d’une fois, quand il était submergé par la nostalgie des premières communau-tés dont il avait été Rav, il disait :

– A Londres j’avais de l’argent mais pas de juifs, à Halberstadt et à Manheim, des juifs mais pas d’argent, et à Berlin je n’ai ni l’un ni l’autre !

Rabbi Tsvi Hirsch commença à se sentir à l’étroit à Berlin, c’est pourquoi il quitta la ville définitivement. Il attendit d’être effectivement parti pour envoyer aux responsables de la communauté une lettre leur annonçant sa décision. Ce départ fit grand bruit dans la ville, et la communauté fit tout pour faire revenir son grand Rav, le dernier Av Beit Din de Berlin. Il revint et porta le joug de la Torah et du public jusqu’au jour de sa mort, le 4 Elloul 5560 (1800).

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan