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Rabbi Yaakov Emden • “Le Yaavets”

Beaucoup de grand rabbanim sont connus essentiellement pour leurs ouvrages de halakhah. Eux-mêmes fuyaient les honneurs et la célébrité, seuls leurs écrits en halakhah ou en aggadah les ont fait connaître et leur ont assuré une réputation universelle. L’un d’entre eux est Rabbi Ya’akov Emden, connu du grand public pour le sidour qu’il a rédigé. A l’âge de quarante-huit ans, il a écrit un sidour pour tous les jours de l’année, avec toutes les coutumes correspondantes. Communé-ment appelé “ le sidour de Rabbi Ya’akov Emden ”, il est largement répandu et lui a donné une grande célébrité.

Qui était donc ce grand juif ? Et pourquoi a-t-il choisi le nom de “ Ya’avets ” ?

Rabbi Ya’akov est né du ‘Hakham Tsvi à Altona en 5458 (1698). Dans sa jeunesse, il a vécu en Galicie et en Mehrin, et a étudié la Torah chez son père et son beau-père.

Voici ce qu’il raconte de lui-même : “ Quand j’étais encore un petit enfant chez mon père, le gaon et pieux Rabbi Tsvi, gloire d’Israël, je lui ai demandé pourquoi il signait simplement “ Tsvi ” sans aucune mention de son père, et il m’a répondu : Ce sont les initiales de “ Tsvi Ben Ya’akov ” (“ Tsvi le fils de Ya’akov ”). Quand toi, mon fils, tu seras devenu un homme de Torah et que tu écriras des livres et des paroles de sagesse, signe ton nom de la même façon : “ Ya’avets ”, c’est-à-dire les initiales de “ Ya’akov ben Tsvi ”.

Il a accepté une seule fois dans sa vie d’être Rav d’une communauté, à Emden en Allemagne, mais comme il était par nature un homme de vérité et désirait ardemment ne dépendre de l’avis de personne, il a donné sa démission au bout de quelques années et prononcé la bénédiction : “ Béni sois-Tu, qui ne m’a pas fait EVeD (dba) [Av Beith Din] ”, en imitation de la bénédiction : “ Qui ne m’as pas fait Eved (dbi) [esclave ”].

Il est alors retourné dans sa ville natale d’Altona, y a ouvert une imprimerie hébraïque où il imprimait ses livres pour les distribuer gratuitement à tout le monde, tout en tirant sa subsistance d’un commerce de pierres précieuses et de bijoux.

Ses affaires étaient secondaires, l’essentiel restant l’étude. De sa jeunesse jusqu’à sa vieillesse, il y est resté plongé, en faisant ses délices, ainsi que de la rédaction de ses livres. Bien que de faible constitution, il avait l’habitude de venir tous les jours au Beith Midrach, même l’hiver, pour donner un cours de Guemara.

On raconte qu’un jour d’hiver rigoureux, le froid était tel que les élèves ne réussirent pas à venir au Beith Midrach de bon matin pour écouter son cours. Ils arrivèrent l’après-midi et trouvèrent leur Rav assis, enveloppé de son talith et portant ses tefilin, la tête baissée sur son livre, en train d’étudier.

– Pourquoi, leur demanda-t-il en s’interrompant, n’êtes-vous pas venus ce matin pour le cours de Guemara ?

– Notre maître, répondirent-ils, le froid était absolument terrible et c’était difficile de marcher dehors. Nous avons eu peur de prendre froid.

Rabbi Ya’akov voulut redresser la tête et s’aperçut qu’à cause du grand froid, sa barbe s’était collée à la table. Il soupira, et dit : “ Apparemment, il fait très froid... ” et ajouta : “ Il est écrit dans Kohélet (4, 17) : “ Garde tes jambes quand tu te rends dans la maison de D. ”. Et la massora souligne que la lettre yod du mot ragleikha (tes jambes) est superflue. Cette lettre yod  nous rappelle dix halakhoth (valeur numérique de yod) concernant les jambes que le juif doit observer quand il se rend à la maison de D.. Les voici : a) Ne pas partir en voyage avant d’avoir prié ; b) Ne pas rendre visite à quelqu’un tôt le matin avant d’avoir prié ; c) Ne pas prier avant de s’être assuré de la propreté de son corps ; d) C’est une mitsvah de courir à la synagogue et au beith midrach ; 5) Quand on entre à la synagogue, il faut avancer un peu avant de commencer à prier ; 6) On ne se tient pas pieds nus à la synagogue ; 7) On doit faire jusqu’à quatre kilomètres pour trouver de l’eau afin de se laver les mains avant de prier ; 8) Il est interdit de passer derrière une synagogue au moment où la communauté est en train de prier ; 9) Il ne faut pas se tenir sur un endroit élevé pour prier. 10) Il faut garder les jambes droites quand on prie. (Toutes ces halakhoth se trouvent dans le Rambam).

– Voici donc dix choses, termina Rabbi Ya’akov avec un sourire, sur lesquelles on nous met en garde dans le verset : “ Garde tes jambes quand tu te rends dans la maison de D. ”. Mais nous n’avons pas entendu qu’on mette en garde nos jambes quand nous nous rendons à la synagogue contre le risque de prendre froid. Et voici ce que m’a enseigné mon père : Le verset dit (Psaumes 55, 15) : “ Vers la maison de D. nous irons avec émotion ”. Le mot BeRaGueCH (“ avec émotion ”) représente les initiales de : Barad (le grêle), GUechem (la pluie), CHeleg (la neige), car même en des jours comme ceux-là, il faut se rendre à la synagogue.

Rabi Ya’akov Emden étudia en profondeur tous les domaines de la Torah et de la sagesse. Pendant sa vie, il écrivit plus de soixante livres. Il aurait voulu vivre en paix, mais il a constamment été accablé de conflits, de tristesse et de douleurs. La femme de sa jeunesse est morte alors qu’il était jeune, et son cher fils Tsvi lui fut enlevé à la fleur de l’âge.

Rabbi Ya’akov mourut vieux et rassasié de peines, à l’âge de quatre-vingts ans.

Il a laissé trois fils, Rabbi Mechoulam Zalman, Rav de la synagogue Hambourg à Londres, Rabbi Méïr, Rav de Constantinople, et Rabbi Arié Yéhouda

 

 
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