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Rabbi Yehochoua Greenwald • Le Dernier Rav De Hust

Rabbi Yéhochoua Greenwald fut le dernier Rav de la glorieuse ville de Hust. C’est l’homme qui a vu la ville dans sa splendeur et l’a vue dans sa destruction au moment où ses habitants, hommes, femmes et enfants ont été massacrés. Tous sont morts en martyrs dans les chambres à gaz d’Auschwitz. Par la miséricorde divine, il réussit à échapper aux fours crématoires, mais le Rav ne put jamais oublier ce que ses yeux avaient vu, et pendant tout le reste de sa vie, il alla « enveloppé de son linceul ». Dans son cœur brûlait le feu des fours qui ne le quittait pas un seul instant et ne lui donnait aucun repos.

Rabbi Yéhochoua est né en 5665 (1905) de Rabbi Avraham Yossef, le Rav de Hust, et de la rabbanit Sarah Beila. Il était merveilleusement doué. Dès son enfance, il se fit connaître comme une intelligence acérée, et ses immenses progrès dans ses études de Torah émerveillaient tout le monde. Dans sa jeunesse il devint encore plus célèbre dans le monde des érudits par sa finesse et son érudition. Il épousa Macha, fille de Rabbi Ye’hezkel Panet, le Rav de Desch, auteur de Knesset Ye’hezkel sur la Torah. Après son mariage, il continua à étudier avec une immense assiduité, jour et nuit, presque sans interruption.

En 5693 (1933), à l’âge de dix-huit ans, Rabbi Yéhochoua devint Rav de la communauté de Hust, prenant la place de ses ancêtres, qui avaient été rabbanim dans cette ville. Dès qu’il fut choisi comme Rav et Roch Yéchivah, il se consacra de tout son cœur et de toute son âme à la ville, et se fit connaître comme un fidèle successeur de ses illustres ancêtres. Il n’était pas seulement Rav de la ville et Roch Yéchivah de Hust, mais aussi berger de la communauté et aimé de tous. Les juifs de la ville aimaient et respectaient leur maître pour sa grandeur en Torah, la bonté de son cœur et son amour pour Israël, un grand amour pour tout homme d’Israël, riche ou pauvre, talmid ‘hakham ou homme du peuple. De son temps, la communauté de Hust devint célèbre comme un centre de Torah, d’où la lumière de la Torah allait éclairer dans tous les coins.

Le communauté de Hust comptait quelque quatre mille juifs. Elle était bien organisée, avec beaucoup d’institutions de Torah et d’entraide. A son époque, la yéchivah atteignit un niveau élevé, que ce soit par la forme extérieure ou par la méthode et la façon d’étudier. De nombreux élèves des villes de Hongrie y affluaient pour entendre ses merveilleux cours, et jouir de la lumière de sa Torah. Ses cours brillaient par leur simplicité et leur clarté, si bien que tous les élèves comprenaient les commentaires du Rav. Il avait le don de savoir s’exprimer et expliquer. Les paroles qui sortaient de sa bouche étaient claires et allaient droit au but. Ses élèves l’aimaient profondément et le respectaient beaucoup, car il était pour eux non seulement un maître qui leur montrait la voie, mais aussi un ami proche. Il s’intéressait à la situation personnelle des élèves et faisait tout pour les aider.

Rav Yéhochoua Greenwald avait aussi un autre don : son visage brillait toujours, et son bon sourire chassait la peine de ceux qui venaient le trouver. C’était un grand orateur, et ses paroles qui sortaient d’un cœur pur entraient dans le cœur des auditeurs et implantaient en eux la foi et la confiance en Dieu.

La tranquillité ne dura pas. En 5700 (1939) éclata la Deuxième guerre mondiale. Les Ukrainiens qui vivaient à Hust relevèrent la tête et se mirent à persécuter les juifs. Ils volaient et détruisaient, et la vie des juifs n’avait aucune valeur. Mais les juifs les maîtrisèrent, et avec l’aide du gouvernement la vie reprit son cours habituel. Il y eut une période de répit temporaire.

En 5704 (1944), pendant la semaine de la fête de Pessa’h, les Nazis rentrèrent dans la ville. Les maudits Allemands, aidés par les Ukrainiens, s’emparèrent de cette ville paisible, écrasèrent ses habitants et transformèrent la vie des juifs locaux en un enfer sur terre. Le Rav se donna au-dessus de ses forces pour encourager et aider les opprimés par ses conseils et ses paroles. Il s’efforçait de partager la douleur de tous les juifs et de l’atténuer. Pendant la fête de Pessa’h, il donna son dernier sermon et se sépara de sa ville bien-aimée avec des larmes amères.

La veille de la fête de Chavouot, on fit sortir tous les juifs de chez eux et on les enferma dans des wagons qui se tenaient à la gare de la ville de Hust. Le train partit et roula très vite, jusqu’à la vallée du massacre collectif d’Auschwitz.

En arrivant à Auschwitz, le Rav fut envoyé sur la droite, avec les gens qui restaient en vie. Mais c’était une vie atroce de travaux forcés. Tout le temps qu’il resta à Auschwitz, il vit les fours crématoires et entendit les voix des pères, des mères et des enfants qui criaient Chema Israël et dont l’âme s’échappait sur e’had. Ces voix résonnèrent à ses oreilles pendant tout le reste de sa vie.

D’Auschwitz il passa au camp de concentration de Mathausen en Autriche. Là, il reçut des vêtements spéciaux et son nom fut transformé en un chiffre. Comme c’était l’habitude dans les camps d’extermination, il subit des tourments infernaux. Il travaillait pour creuser des tranchées, et une fois un grand tas de sable lui tomba dessus et il n’en sortit vivant que par miracle.

Mais même à cette époque-là, il ne désespéra pas. Dans l’un des coins du baraquement, les gens se rassemblaient autour de lui et il leur racontait des histoires de tsadikim et les encourageaient pour qu’ils ne désespèrent pas. Il apprenait aussi des michnayot par cœur. Par ces actes, il a sauvé de nombreuses âmes, et leur a insufflé un esprit d’espoir que les bons jours reviendraient et qu’ils verraient le salut de Dieu.

Après de longs mois de souffrance, Rabbi Yéhochoua fut libéré et put voir la vengeance contre les maudits Allemands. Alors il dit : « Hachem est pour moi avec ceux qui m’aident, et moi je verrai ceux qui me haïssent ». David priait pour que Dieu l’aide, « et moi », ce qui est advenu de moi, je mériterai de voir ceux qui me haïssent.

Après beaucoup de péripéties et d’exils, le Rav de Hust arriva aux Etats-Unis. Il choisit le quartier de Borough Park à Brooklyn, où il établit son beith midrach, « Communauté des orthodoxes de Hust ». Il pensait trouver là un coin tranquille où il pourrait rester à étudier dans le repos et la paix. Mais dès qu’il eut ouvert son beith midrach, des foules se mirent à venir le trouver pour lui demander la Torah. Très rapidement, sa maison se transforma en un centre d’attraction et de nombreuses personnes se pressaient tôt le matin à sa porte pour lui demander conseil et écouter ses cours en halakhah et en aggadah.

C’était un orateur extraordinaire, et quand il montait en chaire pour donner un cours, il parlait toujours de la destruction du judaïsme d’Europe.  C’était presque le seul qui n’oubliait jamais l’Holocauste, et en toutes circonstances il évoquait la mémoire des saints qui étaient morts en martyrs. Il enseignait qu’il ne faut ni oublier ni pardonner aux maudits.

Quand il était encore à Hust, des grands de la génération lui adressaient des questions auxquelles il répondait par de nombreux articles de Torah. Par miracle, quelques-unes de ses réponses furent préservées. En 5708, il imprima son livre de responsa ‘Hessed Yéhochoua en trois volumes.

Rabbi Yéhochoua Greenwald mourut le 6 Av 5729 (1969), et son cercueil fut transporté en Erets Israël. Il fut enterré à côté du Rabbi de Belz. Des milliers de gens viennent prier sur la tombe de ce gaon, le dernier Rav de Hust.

 

 
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