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Le Gaon Rabbi Yehouda Ben Moyal Zatsal

Le gaon Rabbi Yéhouda Ben Moyal zatsal, qui compte parmi les grands sages de Mogador, sur la côte marocaine, est né en 5598 environ, à Tarodna au Maroc, du tsadik et pieux Rabbi Makhlouf Ben Moyal zatsal. On le trouve mentionné dans des livres d’histoire : « Le Rav Makhlouf Moyal zatsal, l’un des sages de Mogador, est le père de notre maître Rabbi Yéhouda Moyal zatsal. Il était d’une grande piété et multipliait les bonnes actions. Dès sa jeunesse, Rabbi Yéhouda prit sur lui le joug de la Torah et de la crainte du ciel avec une extrême assiduité, dans la yéchivah de son oncle le gaon Rabbi Ya'akov Ben Sabbat zatsal, élève du gaon Rabbi ‘Haïm Pinto (le premier) zatsal, qui avait été le Av Beit Din de Mogador. Tout en se consacrant corps et âme à l’étude de la Torah, il se tenait à l’écart de toutes les vanités de ce monde. Les récits historiques témoignent : « Encore jeune homme, il avait terminé le Talmud et fut examiné par tous les grands de la ville, qui le trouvèrent rempli de Torah malgré sa jeunesse. »

Il n’est donc pas surprenant que dès sa jeunesse, il fut nommé dayan et décisionnaire, au Tribunal Rabbinique de la communauté juive de Safi. De là, il fut appelé à occuper le poste de Rabbi Avraham Ben Attar zatsal, Roch Av Beit Din de Mogador, qui était décédé en 5539.

Rabbi Yéhouda prolongeait en fait naturellement la dynastie familiale comme dayan, suivant une tradition de plus de vingt dayanim dans la famille Ben Moyal, jusqu’à la génération de Rabbi Yéhouda.

Tourne-la et retourne-la

On raconte une histoire qui s’est passée au Consulat de Londres à Mogador. Un juif du nom de Lumbroso avait envoyé ses fils étudier les mathématiques à l’université de Londres. Au bout de quelques années pendant lesquelles ils firent d’excellentes études, les deux rentrèrent chez leur père, et quand ils rentrèrent leur père voulut les examiner et se faire une idée de ce qu’ils avaient appris.

Il les plaça devant la table de Rabbi Yéhouda. Le père demanda au Rav d’examiner la compétence de ses fils en mathématiques. Les deux se mirent à rire intérieurement : qu’est-ce que ce vieux Rav enveloppé de sa robe, qui n’avait jamais bougé de ses quatre coudées de halakha, pouvait bien connaître des mathématiques ?

Rabbi Yéhouda demanda une plume et du papier, et se mit à dessiner devant eux un exercice mathématique compliqué. Les deux ne réussirent pas à trouver la solution. Il leur dessina un deuxième exercice, un peu moins compliqué que le précédent, et ils manifestèrent une certaine compétence, mais toujours sans trouver la solution. Il leur dessina un troisième exercice, et ils le résolurent. Rabbi Yéhouda s’assit et écrivit devant eux les deux solutions, en quelques instants, sous les yeux émerveillés des garçons et de leur père, en accomplissant ce qui est dit : « Tourne-la et retourne-la, car tout est en elle. »

Ne pas profiter de l’argent de la communauté

Rabbi Yéhouda se conduisait avec sa famille et avec sa communauté comme un père miséricordieux. Il prenait soin de tous leurs besoins, matériels et spirituels, avec l’humilité qui le caractérisait. Le fait suivant en témoigne :

Quand il voulut partir en Terre sainte, sa famille se mit à se préparer au voyage, et employa quelqu’un pour aider à emballer les bagages et les objets du culte qui se trouvaient chez le Rav. Cet employé, qui n’était pas d’une honnêteté irréprochable, eut envie de certains objets qui se trouvaient chez le Rav, des livres et des ustensiles en argent, et il les glissa dans les pans de sa robe.

Plus tard, par malheur pour lui, dans une vente publique de livres, on découvrit plusieurs livres qui contenaient la signature de Rabbi Yéhouda Ben Moyal. Les acquéreurs de ces livres, qui comprirent d’où ils provenaient, pensèrent que Rabbi Yéhouda, ayant besoin d’argent, avait été obligé de vendre ses livres. Ils s’empressèrent de faire une collecte pour leur Rav, et le même jour l’argent se trouva sur la table de Rabbi Yéhouda.

A la grande stupéfaction du Rav, les délégués lui parlèrent de ce qu’ils avaient supposé de sa situation financière, c’est pourquoi ils avaient organisé une collecte pour lui, et c’est ce qui se trouvait maintenant sur sa table. Mais Rabbi Yéhouda ne voulut rien recevoir d’eux, et il annonça publiquement qu’il était hors de question qu’il prenne l’argent de la communauté, qu’il n’en voulait nullement à l’employé indélicat, et qu’il lui pardonnait de tout cœur. Il ne se calma pas avant de leur avoir fait promettre expressément que rien de mal n’arriverait à cet homme ni à sa subsistance à cause de cela.

Tu iras jusque là

Plus d’une fois, des membres de sa communauté s’adressèrent à lui pour le supplier de prier et de supplier le Créateur du monde qu’Il les délivre rapidement, et sa prière n’était jamais vaine. Par la force de sa prière, qui était agréable à Hachem, beaucoup de gens furent sauvés de façon miraculeuse, car « le tsadik décrète et le Saint béni soit-Il accomplit. »

On raconte ainsi qu’un jour, des habitants du quartier juif de Mogador vinrent le trouver pour lui raconter que tous les ans, au moment de la grande marée, l’eau montait jusqu’à inonder plusieurs maisons du quartier, en conséquence de quoi certaines familles pauvres restaient sans un toit sur la tête. Rabbi Yéhouda se leva immédiatement, prit en main son bâton et se rendit au bord de la mer. Là il traça un trait dans le sable et ordonna de sa voix douce : « Tu iras jusque là. » C’est ce qui arriva, et les habitants du quartier juif purent respirer.

Le moment est venu

Il écrivit ses décisions halakhiques avec des explications claires, en exposant toute sa sagesse et sa perspicacité. Mais nous n’avons mérité de profiter que de peu de choses, sous la forme d’un recueil d’écrits qui a été découvert dernièrement, et dont on a fait un livre, « Chévet Yéhouda ». On y voit des décisions qu’il a prises en halakha et des commentaires sur la Torah, des sermons et des articles sur les parachiot de la Torah, avec l’aide des descendants du Rav.

En Elloul 5670, Rabbi Yéhouda put se rendre à Jérusalem. Le Chabat 29 Tévet, il était invité pour séouda chelichit avec des membres de la communauté maghrébine, et tout à coup il demanda à ceux qui étaient présents : « Lisez le Chema, car le moment est venu ». Pendant la lecture, avec une sérénité extraordinaire comme à son habitude, son âme le quitta pour la yéchivah céleste, en laissant son visage paisible et illuminé. Il est enterré au mont des Oliviers dans la section des Maghrébins, à proximité du mont du Temple.

 

 
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