La Torah et Israël, base de l’existence du monde

« Au commencement D. créa le ciel et la terre; et la terre était un abîme informe et les ténèbres recouvraient la surface de l’abîme et le souffle de D. planait sur la face des eaux; et D. dit: que la lumière soit, et la lumière fut » (Béréshit 1:1-3). « Et D. dit: Faisons l’homme à Notre image et à Notre ressemblance » (ibid. v. 26).

Les exégèses, tant classiques que modernes, de ces premiers versets de la Torah sont nombreuses. Nous avons aussi exprimé notre interprétation dans d’autres chapitres, mais les Sages ayant dit: « la Torah présente soixante-dix facettes » (Bamidbar Rabba 13:15), les interprétations du mot Béréshit sont inépuisables. Les Sages ont aussi comparé la Torah à un figuier (Bamidbar Rabba 12:11, Tanh’ouma Pinh’as 11), et cela parce que les fruits des autres arbres peuvent être cueillis tous en une fois, alors que les figues se récoltent une à une. Nous allons donc tenter d’expliquer le mot Béréshit progressivement, ainsi que la création de l’homme, qui représente une partie de la création du monde, comme disent les Sages (Sanhédrin 37a): « chacun doit se dire que c’est pour lui que le monde fut créé ».

1. Les Sages ont dit (Béréshit Rabba 1:1): « Le monde fut créé pour la Torah qui est appelée « le début de Sa voie » (Mishley 8:22). Dans ce cas, la Torah aurait dû débuter par le verset qui enseigne que la Torah a précédé la création du monde de deux mille ans, soit neuf cent soixante-dix générations (Béréshit Rabba 8:2). Pourquoi débute-t-elle par « Au commencement D. créa... »? (Nous en avons déjà donné une explication dans le chapitre précédent).

2. Nous expliquerons également la création de l’homme. « Et D. dit... », le Nom de D. utilisé ici est Elokim, désignant l’attribut de Justice. Pourquoi D. fonda-t-Il tout d’abord le monde sur la Justice et non sur la Miséricorde? L’auteur du livre Minh’at Yéhouda: Quel est le sens de « faisons l’homme », au pluriel (voir Rashi ad. loc.)? Et l’auteur de Minh’at Yéhouda pose une autre question, encore plus compliquée: Quel est le sens de « à Son image et à Sa ressemblance », puisque D. n’est pas un être créé pour avoir un corps, une apparence et une forme comme n’importe quelle autre créature?

En réponse à ces questions, Rashi rapporte dans son commentaire les paroles de nos Sages: « Pour la Torah qui est appelée le début de Sa voie (Mishley 8:22) et pour Israël qui est appelé prémices de Sa récolte » (Yérémia 2:3). S’il en est ainsi, le mot Béréshit ne signifie pas seulement qu’au commencement  D. créa les cieux et la terre, mais il indique aussi que c’est pour la Torah et pour Israël que le monde fut créé. Il est dit aussi (Zohar Trouma 161b): « D. créa le monde selon le plan de la Torah et conformément aux principes qui y sont consignés, et le monde et tout ce qu’il contient fut achevé, uniquement par la Parole de D. ».

La Torah existait donc avant la création du monde, elle était Son délice, comme il est écrit (Mishley 8:30): « J’étais pour Lui un plaisir permanent » jusqu’à ce que D. ait désiré créér l’univers pour la Torah. Elle fait le bonheur de D. (Béréshit Rabba 1:1), et c’est elle que D. souhaita donner à ceux qu’Il aime pour qu’ils obéissent à ses lois et vivent selon ses commandements, afin que le monde entier soit soumis à la souveraineté de D. comme il est écrit (Yérémia 33:25): « Si ce n’était pour Mon alliance perpétuelle, Je n’aurais pas fixé les lois du ciel et de la terre ». Ce qui causait notre perplexité devient clair à présent: la Torah débute par « Au commencement » et non par « Au début de Sa voie », car la Torah a précédé la création du monde et elle en est la raison d’être. Nous savons que le but de la création de l’univers est de rendre manifeste la perfection des actes de D., de faire connaître Son Nom et Ses attributs (l’Intelligence et la Sagesse) qui sont les secrets de la Torah. L’homme porte la responsabilité de perpétuer et de perfectionner ce monde à l’aide de son âme, partie divine de son être.

Le mot Béréshit désigne la Torah et Israël (yashar, ceux qui sont droits), qui sont les prémices (réshit) et c’est pour eux que les cieux et la terre furent créés.

Le mot Bé-réshit comprend aussi bien la Torah écrite que la Torah orale qui ont précédé la création du monde et qui, ensemble, sont le début de Sa voie (Mishley 8:22). Ce n’est qu’ensuite que nous apprenons la création des cieux et de la terre, et que la Torah décrit l’ordre de la création, comme il est écrit: « et la terre était un abîme informe » (Béréshit 1:2).

Le verset « Au commencement D. créa les cieux et la terre », indique que D. créa tout d’abord « les cieux », la Torah orale qui contient les secrets les plus sublimes, le sens des commandements qui est l’esprit de la Loi, les significations cachées dans les accents, les ponctuations, les couronnes des lettres, les valeurs numériques, etc. Seuls l’étude appliquée des voies de la Torah et un mode de vie correct nous permettent de découvrir les trésors qui sont cachés dans la Torah et qui nous sont révélés par la grâce de D. « La terre » indique la Torah écrite qui fut donnée au peuple juif au Mont Sinaï avec l’obligation d’obéir aux commandements, aux lois et aux statuts qui y sont décrétés, et dont les détails sont élaborés dans la Mishna et le Talmud et codés par les décisionnaires. Ensemble, ils constituent le sujet de l’étude de la Torah. Au début de la création, les cieux et la terre étaient séparés. Tel est le sens de « Si ce n’était pour Mon alliance (britti)  perpétuelle... » Le mot britti indique B-briot, deux créations, la Torah écrite et orale, sans lesquelles tout le reste serait b-ieter,  superflu. Le mot brit a aussi la valeur numérique de six cent treize, soit le nombre total des commandements positifs et négatifs.

Il est dit ensuite: « Et la terre était un abîme informe, et les ténèbres recouvraient l’abîme ». Si l’on voulait ne réaliser que la « terre », la Torah écrite, sans apprendre et approfondir parallèlement la Torah orale pour comprendre les concepts et les valeurs qui donnent son sens à la Loi, on en serait dérouté et confus et l’on ne saurait pas distinguer le vrai du faux, tel celui qui marche dans une obscurité sans fin, dans le sens où il est dit: « Le sot marche dans le noir » (Kohélet). Pour n’avoir pas pénétré la vérité de la Torah, il risque malheureusement de s’égarer, pour lui « les ténèbres recouvrent l’abîme », car la Torah est profonde comme un abîme sans fond, et il est sur le point de se perdre dans ses ténèbres.

« Et D. dit: Que la lumière soit » (ibid. 3). D. créa la lumière afin que la Torah devienne pour nous une réalité vivante dont nous comprenons la signification, les allusions, les intentions et le sens caché exprimés par chacun de ses mots. Il est vrai que personne ne peut connaître le secret de D. et « qui aurait l’audace de pénétrer son intériorité »? Mais malgré cela, « D. révèle Ses mystères à ceux qui Le craignent » (Téhilim 25:14). D. créa la lumière de la Torah pour enseigner cette leçon à Israël afin que ceux qui sont proches de Lui connaissent Sa volonté. Comment parvenir à cette lumière? « Goûtez et voyez que l’Eternel est bon en tout » (Téhilim 34:9). Le mot réou (voyez) est composé des mêmes lettres que le mot vé’ohr (et la lumière), c’est-à-dire que « le commandement est flambeau, la Torah est lumière » (Mishley 6:23), et c’est aussi le sens de « et D. vit que la lumière [la Torah] était bonne » (Béréshit 1:4), et « Rien n’est bon que la Torah » (Avot VI:3). Si vous prenez goût à la Torah, si vous l’apprenez, si vous en observez les lois avec amour et avec joie, vous pourrez contempler sa lumière et atteindre les plus hauts sommets. Dans ce sens, il est dit que « tout devient bon dans sa lumière » (Yéroushalmi H’aguiga I:7). La lumière inhérente à la Torah nous permet de nous corriger, de sentir et de savoir « qu’Il est bon... » que Sa lumière est bonne.

Jusqu’où est-il possible de s’élever grâce à la Torah? Rabbi Pinh’as ben Yaïr enseigne (Avoda Zara 20b): « La Torah conduit à la prudence, la prudence au zèle, le zèle à la propreté, la propreté à l’austérité, l’austérité à la pureté, la pureté à la sainteté, la sainteté à l’humilité, l’humilité à la crainte de la faute, la crainte de la faute à la perfection, la perfection à l’inspiration divine, l’inspiration divine à la résurrection des morts. « Celui qui « médite la Loi de D. jour et nuit » (Téhilim 1:2) peut atteindre un degré élevé, et s’il médite les paroles de D., « la lumière se fera » et il pourra corriger tout ce qui en lui fut entaché d’impureté ».

C’est le sens de « la lumière fut créée ». Bien que la Torah écrite et la Torah orale aient précédé la création du monde et en représentent le commencement, la possibilité nous est donnée de pénétrer les profondeurs de la Torah - les mystères cachés et le sens des commandements qui sont la lumière de la Torah, hormis certains mystères dont nous n’avons pas à nous occuper. Tout cela est expliqué dans l’ouvrage du Ari zal, Etz H’ayim. (Voir ce que notre maître, le Rabbin Moshé Pinto, écrit à ce sujet dans son livre Shenot H’ayim, au nom du Rabbin Avraham ben Atar).

Une autre allusion à la Torah se trouve dans le mot Béréshit, dont les lettres forment les mots brit esh, (une alliance de feu). Brit, l’Alliance, c’est la Torah, comme il est écrit (Yérémia 33:25): « Si ce n’était pour Mon alliance perpétuelle... » et la Torah est appelée feu, comme disent nos Sages (Mech’ilta Yithro 19:18): « La Torah est un feu donné dans le feu », comme il est écrit (Dvarim 33:2): « De Sa droite, Il a donné à Son peuple une loi de feu », et sans la Torah « Je n’aurais pas fixé les lois du ciel et de la terre ». (Ajoutons que la valeur numérique de l’expression « miyemino esh dat lamo - de Sa droite, une loi de feu » est égale à celle de « zé hou Béréshit - c’est là le commencement »).

Les lettres du mot Béréshit forment les mots barata shaï, Tu as créé un don, et à ce propos, les Sages disent que « tous les Enfants d’Israël ont une part dans le monde à Venir » (Sanhédrin 70a). Quelle part et quel don? La réponse à cette question est donnée par les Sages (Midrash Mishley 8:9): « Dans le monde à Venir, l’Eternel donnera en héritage à chaque Juste trois cent dix mondes » [trois cent dix étant la valeur numérique de shaï, don]. L’intention divine, dès le début de la création, fut de donner en héritage à ceux qui l’aiment yesh, tout, pour avoir observé la Torah dans ses moindres détails.

Les lettres du mot Béréshit forment aussi l’expression ashrey bayt,  « Heureux ceux qui logent dans Ta maison » (Téhilim 84:5) et qui méditent Ta loi écrite et orale.

Nous pouvons maintenant poursuivre notre explication du verset: « L’esprit de D. planait sur la surface des eaux » (Béréshit 1:2). Les Sages disent (Tanh’ouma Vayakel 8): La Torah est comparée à de l’eau comme il est écrit (Ishaya 55:1): « Vous tous qui avez soif, voici de l’eau », et « il n’est d’eau que la Torah » (Babba Kamma 17a). « Avant la création du monde, D. se réjouissait de la Torah » (Béréshit Rabba 8:2), et d’après le Zohar (Trouma 161b), « D. consulta la Torah et créa le monde, et Il le créa afin de donner la Torah à l’homme qui l’observerait et la pratiquerait, afin de conduire le monde à la perfection de la connaissance de D. ». Tel est le sens de « L’esprit de D. planait sur la surface des eaux ».

Nous en venons à la création de l’homme. Après que l’œuvre de la création fut achevée dans toute sa splendeur, il est dit: « Faisons l’homme à Notre image et à Notre ressemblance, et qu’il domine les poissons dans les eaux... » L’homme fut créé en dernier lieu, il est le terme et le but de toute la création et c’est pour lui que tout fut créé, comme il est dit: « le monde entier n’a été créé que pour donner des commandements à l’homme » (Shabbat 30b). Et l’homme fut créé à l’image de D. afin qu’il craigne D. et Lui obéisse. « Dominez les poissons dans les eaux », c’est à dire: plongez-vous  dans les profondeurs de la Torah qui est assimilée à l’eau, car si là n’était pas le but, un monde sans valeurs morales et sans pudeur n’aurait pas de raison d’être, comme il est écrit: « Si ce n’était pour Mon alliance perpétuelle, Je n’aurais pas fixé les lois du ciel et de la terre ».

Ajoutons à cela une interprétation allégorique. Les premières lettres des mots « houredou be’dgat hayam, « dominez les poissons dans les eaux » forment le mot havou, comme dans le verset (Téhilim 29:1-2): « Célébrez (havou) Sa gloire et Sa puissance, rendez hommage (havou) à Son saint Nom, prosternez-vous devant l’Eternel dans la splendeur de Son sanctuaire ». C’est en nous plongeant dans les profondeurs pleines de mystères de la Torah jusqu’à en découvrir les secrets enfouis, que nous célébrons l’Eternel et Lui rendons hommage.

Et David HaMelech’ se lamente (Téhilim 119:136): « Mes yeux ont versé des torrents de larmes parce que Ta loi n’est pas observée », je pleure sur ceux qui n’observent pas Ta Torah et n’imaginent même pas que l’univers tout entier n’existe que par le mérite de la Torah.

Il nous reste à expliquer pourquoi la création de l’homme est attribuée au nom de D., Elokim (Zohar III 65a), qui représente l’attribut de Justice?  D. sait bien qu’Israël recevra plus tard la Torah au Mont Sinaï et que naîtront des hommes vertueux qui l’observeront! On pourrait croire que c’est à cause de l’opposition des anges, comme il est dit (Sanhédrin 38b, Zohar III 207b): « Lorsque D. désira créer l’homme, Il consulta les anges de la Cour céleste, qui Lui dirent: Qu’est donc l’homme pour que Tu songes à lui? D. leva alors Son petit doigt vers eux et les incendia ». D. avait donc déjà éliminé ces anges, et en avait créé d’autres qui ne s’opposeraient pas à Sa volonté, car Il n’a pas révélé à ceux-là qu’Adam engendrerait des hommes méchants. « Rabbi H’anina dit: Lorsque D. créa l’homme, Il consulta les anges et leur révéla qu’il engendrerait des hommes vertueux, mais il ne leur dit pas qu’il engendrerait aussi des hommes méchants » (Midrash Talpiot Téhilim 76:9). S’il en est ainsi, pourquoi l’homme fut-il créé par l’attribut de Justice et non par l’attribut de Miséricorde?

Bien qu’il soit écrit: « Elokim dit », « Elokim créa », cela n’implique pas que l’homme fût créé seulement avec l’attribut de Justice et qu’il n’y eût pas participation de l’attribut de Miséricorde. Nous trouvons dans le verset (Béréshit 2:4): « Au jour où l’Eternel D. fit le ciel et la terre » l’utilisation des deux attributs, la Justice et la Miséricorde, pour nous enseigner que D., voyant que le monde ne pourrait pas subsister uniquement par la Justice, lui associa l’attribut de Miséricorde pour créér le monde (Béréshit Rabba 12:15). De même, concernant la création de l’homme, D. a associé les attributs de Justice et de Miséricorde.

Les premières lettres de naassé betzalmeynou (faisons à Notre image) forment le mot ben, dont la valeur numérique est deux fois celle des lettres du Nom qui représente l’attribut de Miséricorde. Les premières lettres des mots kèd’mouteynou houredou (à Notre ressemblance, et dominez) ont une valeur de vingt-six, qui est la valeur numérique du saint Nom. Cela montre que l’homme fut aussi créé par l’attribut de Miséricorde puisqu’il est destiné à recevoir la Torah et à engendrer des hommes de bien qui la pratiqueront. Par ailleurs, l’homme doit continuer l’œuvre de la création, comme il est écrit (Béréshit 2:3): « l’œuvre que D. créa pour être complétée », et si des hommes sont destinés à naître méchants, il sera indispensable d’utiliser l’attribut de Justice. Les attributs de Justice et Miséricorde participent à la création de l’homme de même qu’ils fonctionnent dans l’ordre du monde tout entier.

Nous avons dit plus haut que les premières lettres des mots naassé betzalmeynou forment le mot ben, dont la valeur numérique est deux fois celle des lettres du Tétragramme, et que le nom Elokim aussi est inscrit dans ce verset, ce qui indique que la Justice peut se transformer en Miséricorde grâce aux actions des hommes vertueux comme le disent nos Sages (Souca 14a): « les prières des hommes vertueux transforment l’attribut de Justice en attribut de Miséricorde ».

Nous pouvons maintenant répondre à la question posée par l’auteur de Minh’at Yéhouda, à savoir pourquoi il est dit « Faisons l’homme », au pluriel (voir Rashi, ad. loc.). Il est certain que les anges n’ont pas participé à la création de l’homme, mais ce pluriel donne la possibilité aux hérétiques de le prétendre. Les Sages (Sanhédrin 38b) ont déjà répondu à cette question, mais nous voulons humblement ajouter notre réponse. Puisque D. connaît les actions des hommes vertueux et qu’Il sait d’avance que de l’homme naîtront des hommes de bien qui vont recevoir la Torah et dire (Shemot 19:8): « Nous ferons tout ce que D. nous ordonne », D. a voulu honorer Adam qui allait engendrer une génération qui dirait « Nous ferons », et Il a fait précéder la création de l’homme par la parole « faisons l’homme », à la première personne du pluriel qui est la formulation utilisée par les gens importants. Ici aussi, à cause de Sa grande affection pour l’homme, Il dit « faisons l’homme » au pluriel.

Nous savons que D. créa le monde par Sa parole, comme disent les Sages (Avot V:1): « Le monde fut créé par Dix Paroles », mais concernant la création de l’homme, il est dit que D. le créa et le forma de Ses propres mains: « Tu me tiens de près, par-derrière et par-devant » (Téhilim 139:5), que les Sages expliquent ainsi (Sanhédrin 38a): « Adam fut formé avec de la terre rassemblée des quatre coins du monde, et « il est appelé l’œuvre des mains de D. » (Kohélet Rabba 3:14), parce qu’il représente l’essentiel et la finalité de la création et qu’il est destiné à observer les lois de la Torah ». L’homme fut créé en dernier lieu, dans un monde prêt à le recevoir, où tout est en place pour ses besoins « comme une table dressée devant lui » (Sanhédrin 38a, Pessikta Zouta, Introduction 17). C’est pourquoi, lorsque D. voulut créer l’homme, Il dit « Faisons l’homme » pour exprimer l’affection particulière que D. a pour lui, et Il l’a créé de Ses propres mains, afin que l’homme Le serve de tout son cœur.

Il est possible que le verset « Israël, réjouis-toi de ton Créateur » (Téhilim 159:2) indique que tout le peuple juif se réjouit en D. qui l’a créé en disant « Faisons l’homme », tant Il le chérit.

Dans son introduction, le commentateur du Zohar HaSoulam  écrit: « D. qui est parfait de toutes les perfections a créé et formé notre corps avec toutes ses tendances, les bonnes et les mauvaises, et il est impossible qu’un tel artisan produise une œuvre vile et imparfaite. Chaque œuvre témoigne des qualités de l’artisan, et si un vêtement est mal cousu, ce n’est pas la faute du tissu, mais celle du tailleur... »

En disant: « faisons l’homme » D. exprime Son amour, puisqu’Il désire cette créature qui plus tard prendra sur elle d’observer la Torah, ce qui est le but de la création du monde. C’est pourquoi D., qui ne peut en aucun cas être l’auteur et l’artisan d’une œuvre imparfaite et méprisable, a dit « à Notre image et à Notre ressemblance », à l’image de D., c’est-à-dire rempli de la crainte de D. et possédant une âme, partie divine de son être, lui permettant de pénétrer les profondeurs de la Torah. Il est certain qu’il ne faut pas comprendre « l’image » et « la ressemblance » dans leur sens littéral, puisque D. n’a pas de corps et pas de forme. « A Sa ressemblance » signifie plutôt que l’homme doit être l’émule de D. dans ses vertus et dans ses actes, comme disent les Sages (Vayikra Rabba 24:4) au sujet du verset: « Soyez saints car Moi l’Eternel Je suis Saint » (Vayikra 19:2): « De même que Je suis Saint, vous aussi, vous devez vous sanctifier ». Tout cela, afin de « dominer les poissons de la mer », qui symbolisent les profondeurs de la Torah, comme nous l’avons expliqué plus haut. Mais si, malheureusement, il ne possède pas ces qualités divines, il fait partie de ceux qui « traversent la vallée des larmes » (Téhilim 84:7) et c’est seulement s’il transforme les larmes en « image et ressemblance de l’homme [divin], qu’il ira « de victoire en victoire » (ibid. v.8) dans le service de D. d’où la nécessité pour l’homme de réaliser en lui l’image de D. ».

L’homme est créé à l’image de D. et il a besoin de cette image pour pouvoir surmonter les épreuves de ses passions brûlantes. L’homme a reçu le libre arbitre de choisir entre ce qui est bon et ce qui est mauvais, comme il est écrit (Dvarim 30:15): « et tu choisiras la vie ». Il subira la punition ou bénéficiera de la clémence à la mesure des forces spirituelles qu’il possède.

Pour conclure ce chapitre, citons ce qu’écrit Rabbeinou Beh’ayé dans son livre Le Devoir des Cœurs (La perfection de l’Action, chapitre 5): « Ce que l’homme accomplit au grand jour ne dépend que de lui. Il agit selon son désir. Ses actes découlent de sa volonté et de son libre arbitre, et c’est pourquoi il est susceptible d’être puni ou mérite d’être récompensé pour ce qu’il fait ou ne fait pas ». Il est écrit (Dvarim 30:15): « Vois, je t’ai donné en ce jour la vie et le bien, ou la mort et le mal, tu choisiras la vie ». Et il est dit (Malach’y 1:9): « vous êtes la cause de cela », et (Yob 34:11): « chacun est rétribué selon ses actes », ou encore (Mishley 19:3): « L’homme sot dénature ses actes ». Le commentaire de ce livre intitulé Pith’ey Lev explique: « La sottise de l’homme le dénature, et sa sottise reflète son échec... » ce qui montre que l’homme doit utiliser son libre arbitre pour choisir la vie.

Si l’homme choisit de suivre les voies de D., de se sanctifier parce que D. est Saint, il ira de victoire en victoire, et alors il ne tombera pas dans la vallée des larmes, et il méritera d’être à l’image et la ressemblance de D. par son âme, cette part divine de son être, qui est impérissable.

 

 

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