Lever haut les yeux vers les parents

Les Sages ont dit dans le Midrach (Béréchit Rabba 68, 2) : « Rabbi Chemouël bar Na’hman a ouvert son discours en disant : « Chir Hama’alot, je lèverai les yeux vers les montagnes (harim) » (Téhilim 121, 1), il faut lire : je lèverai les yeux vers les parents (horim), ceux qui m’ont formé. Ya'akov s’est dit : « D’où viendra mon aide ? » Quand Eliezer est parti chercher Rivka, il est écrit (Béréchit 24) : « Le serviteur prit dix chameaux, etc. », mais moi je n’ai pas un seul anneau ou bracelet.

Rabbi Yéhochoua ben Lévi dit : Il en avait avec lui, mais Essav est venu les lui prendre. Il s’est dit : « Est-ce que je vais perdre ma confiance en mon Créateur, en Hachem ? « Mon aide vient de Hachem, Qui a fait le ciel et la terre. Il ne permettra pas que ton pied chancelle, celui qui te garde ne s’endormira pas. »

Les Sages expliquent qu’Essav avait envoyé Eliphaz poursuivre Ya'akov pour le tuer, mais quand ils se sont rencontrés en chemin, Ya'akov l’a convaincu de se contenter de prendre son argent, car le pauvre est considéré comme mort (Nedarim 64a), et de le laisser en vie. C’est effectivement ce qu’a fait Eliphaz, et Ya'akov a eu la vie sauve, c’est seulement son argent qui lui a été pris.

Mais lorsqu’il est arrivé dans cette situation-là à ‘Haran, il a hésité un moment et a dit « D’où va venir mon aide ? », c’est-à-dire : Eliezer le serviteur d’Avraham est arrivé ici chargé de toutes sortes de richesses, mais il a eu beaucoup de mal à faire sortir d’ici ma mère Rivka, ce qui veut dire que les gens ici sont uniquement des trompeurs avides d’argent. Alors comment moi, qui ne possède absolument rien, pourrai-je obtenir ici ce que je cherche et y prendre une épouse, surtout quand il s’agit de quelqu’un d’âgé comme moi ?

Mais immédiatement, Ya'akov s’est renforcé dans sa confiance en D., et s’est dit qu’il ne la perdrait aucunement, mais plutôt « je lèverai les yeux vers les montagnes (harim) », « vers les parents (horim) », pour profiter du mérite des saints Patriarches, et par-dessus tout, « Mon aide vient de Hachem, Qui a fait le ciel et la terre. » C’est-à-dire que de même que Hachem a créé le monde entier ex nihilo, certainement Il pourra me faire sortir de ce mauvais pas et élargir mes horizons.

Ya'akov a légué ce comportement à ses descendants pour toutes les générations du peuple d’Israël. Même quand on se trouve dans de lourds ennuis, au point de ne plus imaginer aucun espoir de pouvoir sortir de cette situation, même alors on doit élever une supplication vers Hachem, et prier sans discontinuer le Créateur du monde, car rien ne Lui est impossible pour sauver un juif de quelque situation que ce soit.

De plus, nous devons toujours nous souvenir des « montagnes », à savoir des parents, les saints Patriarches, qui même dans les situations les plus difficiles et dans toutes les épreuves n’ont pas sombré dans le désespoir, mais ont persévéré dans leurs prières au Créateur. Même lorsqu’ils ne voyaient aucune issue, ils ont eu confiance en Son salut, qui effectivement s’est accompli en eux « Mon aide vient de Hachem, Qui a fait le ciel et la terre. » Et cela s’applique à n’importe quel juif.

Or voici que les Sages nous ont enseigné que le visage de Ya'akov est gravé sur le Trône de gloire. Y a-t-il donc des desseins là-haut dans le ciel ? Pour l’expliquer, rappelons que tout juif est composé, comme on le sait, de deux parties, l’âme qui est une parcelle divine, et le corps matériel. L’âme a son origine dans le monde supérieur, elle est gravée sous le trône de gloire, et elle a été envoyée en ce monde pour revêtir un corps matériel, qu’elle doit purifier et réparer, afin de l’amener à la perfection pour donner de la satisfaction au Créateur.

Mais par ailleurs, le corps nous attire constamment vers la matérialité, il lutte contre l’âme sans lui laisser aucun repos, car il provient de la poussière de la terre, de l’endroit le plus bas du monde, si bien que l’âme, en revêtant ce vêtement corporel, le travaille pour l’améliorer et le compléter en vue de son but ultime.

Et quelle est la différence entre l’âme et le corps ? Quand l’homme quitte ce monde, il y a une séparation entre les deux, l’âme, comme on le sait, monte au Ciel, revient vers son origine céleste, car c’est là son véritable lieu naturel, mais le corps matériel entre dans la tombe, en bas, car c’est de là qu’il vient, il vient de la terre et retourne à la terre. Mais si l’homme a travaillé sur toutes ses actions pendant le temps qu’il a passé ici-bas, en purifiant tellement son corps matériel que même lui est devenu saint comme l’âme, alors ce corps aussi mérite d’être gravée sur le trône de gloire, parce qu’il s’est élevé au point d’être vraiment semblable à l’âme sainte.

C’était cela la spécificité de Ya'akov et c’était sa grandeur. Il avait tellement purifié son corps matériel, en se conduisant avec innocence et une totale confiance en D., qu’il avait ramené sa ressemblance à ses racines en haut lieu, c’est pourquoi il a mérité qu’elle soit gravée sur le Trône de gloire.

De plus, c’était un homme droit, c’est pourquoi il a mérité que sa ressemblance (« temouna », qui évoque « temimout », l’innocence, l’intégrité) soit gravée sur le Trône de gloire. Le mot « temimout » a la même valeur numérique que « temounat Hachem yabit » (il contemplera la ressemblance de Hachem). En effet, seul un homme qui a cette innocence, comme il est écrit à propos de Ya'akov, peut mériter cette grandeur.

Nous apprenons de là que tous les bnei Israël, qui sont les descendants de Ya'akov, quand ils perfectionnent totalement leur corps matériel, méritent également que leur ressemblance soit gravée en haut à l’intérieur de celle de Ya'akov, qui se trouve déjà là, parce que Ya'akov l’a mérité pour toutes les générations. Et lorsqu’un juif purifie son corps et son apparence, elle brille de plus en plus en haut.

Et c’est justement à Ya'akov que nous nous rattachons, parce qu’en Avraham et Yitz’hak, il y avait un défaut, qui s’est manifesté chez Yichmaël et Essav, mais chez Ya'akov on trouve la perfection absolue, un homme droit installé dans les tentes de la Torah. Sa descendance était entièrement pure, ce sont les 12 tribus de Hachem, c’est pourquoi tous ceux qui se purifient méritent de se rattacher à Ya'akov.

(Cette idée m’est venue à l’aéroport de Barcelone, à la suite d’une panne du moteur de l’avion, si bien que j’ai dû attendre le vol suivant, et pendant ce temps-là j’ai écrit cet article.)

 

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