L’orgueil qui a empêché le repentir

Dans notre paracha, le Ramban rapporte ce que nos Sages ont dit dans le Midrach (Chemot Rabba 13, 3) au sujet du verset « Car moi-même J’ai appesanti son cœur » (Chemot 10, 1). Rabbi Yo’hanan dit : « Nous voyons ici un prétexte pour les hérétiques, selon lequel D. ne laisserait pas la possibilité de se repentir. » Mais Rabbi Chim’on ben Lakich réplique : « Que les hérétiques soient réduits au silence, mais ‘‘Il se trouve en présence de railleurs’’ (Michlei 3, 34). En effet, D. avertit l’homme une première, puis une deuxième, puis une troisième fois. Mais s’il ne revient pas vers D., Il ferme les portes du repentir pour lui faire payer ses fautes. Il en a été de même pour Par’o : Hachem lui a envoyé Moché à cinq reprises et Par’o n’a pas prêté attention aux avertissements, alors Il lui a dit : ‘‘Tu t’es endurci et tu as appesanti ton cœur, Je vais donc ajouter de l’impureté à celle que tu as déjà.’’ »

Pour expliquer les paroles du Midrach, le Ramban dit : « D. a envoyé dix plaies à Par’o et à son peuple. En ce qui concerne la moitié de ces plaies, Par’o les a reçues parce qu’il était fautif. En effet, le verset prouve qu’il s’est lui-même endurci, car il est écrit ‘‘Par’o a endurci son cœur, il a appesanti son cœur.’’ Il a refusé de renvoyer les bnei Israël en l’honneur de Hachem. Mais lorsque les plaies sont devenues trop difficiles à supporter, son cœur s’est attendri et il a décidé de libérer les bnei Israël, non pour obéir à l’ordre de D., mais à cause de l’intensité des plaies. C’est à ce moment-là que Hachem a endurci son esprit et son cœur pour manifester Son nom. »

D’après le Ramban, Par’o aurait dû laisser partir les bnei Israël en l’honneur de D. et pour accomplir Sa volonté. Il aurait dû prendre conscience, par l’intermédiaire des plaies, de la grandeur et de la puissance de D., et revenir vers Lui afin d’accomplir Sa volonté. Comme nous l’avons déjà expliqué ailleurs, Hachem a choisi d’envoyer la plaie de l’obscurité après toutes les autres plaies, et juste avant la mort des premiers-nés, car (Rachi) « à cette période, il y avait des impies au sein du peuple d’Israël qui ne voulaient pas sortir d’Egypte, et ils sont tous morts pendant les trois jours d’obscurité. » Pourquoi Hachem a-t-Il attendu jusqu’à ce moment-là pour les punir ? Parce qu’Il espérait qu’en voyant la main de D. et les grandes plaies déjà envoyées, ils reconnaîtraient la grandeur de Hachem et la bonté qu’Il octroie à Son peuple, et qu’ils comprendraient qu’il n’y a rien à attendre des Egyptiens, ces personnes basses et dévoyées. Alors ils se repentiraient et voudraient quitter le pays d’Egypte comme des dignes bnei Israël emplis de la crainte de D. Mais Hachem leur avait déjà envoyé huit plaies et ils ne s’étaient toujours pas détournés de leurs mauvaises voies, restaient rebelles et ne voulaient pas quitter l’Egypte. Alors Il a envoyé l’obscurité et ils sont tous morts pendant les trois premiers jours. De même, Par’o aurait dû apprendre des miracles et des prodiges réalisés par D. afin de se repentir, mais puisqu’il ne l’a pas fait, D. a endurci son cœur.

Afin de bien réfléchir

Ainsi, D. n’a pas empêché Par’o de se repentir, Il a seulement appesanti son cœur afin qu’il ne se repente pas du fait de l’intensité des plaies. Il est très surprenant que Par’o ne se soit pas repenti, alors que les Egyptiens avaient déjà reconnu la présence de D. et savaient que tout était en Son pouvoir, comme l’avaient dit les magiciens : « C’est le doigt de D. » (Chemot 8, 16).

De même, à propos de la plaie de la grêle, il est dit « Ceux des serviteurs de Par’o qui révéraient la parole de Hachem » (Chemot 9, 20), et après la plaie, Par’o lui-même a avoué à Moché et Aharon (ibid. 27) « J’ai péché, cette fois. Hachem est juste, et c’est moi et mon peuple qui sommes coupables. » De plus, les midrachim expliquent qu’avant chaque plaie, Moché avertissait Par’o pendant une période de vingt-quatre jours pour lui donner le temps de réfléchir et de se repentir entre chaque plaie (Chemot Rabba 9, 12). C’est pourquoi il est très étonnant qu’il ne se soit pas repenti.

L’orgueil: un obstacle au repentir

En réalité, Par’o ne s’est pas repenti parce qu’il se considérait comme un dieu. En effet, comme il est rapporté dans le midrach (Chemot Rabba 9, 8), nos Sages déduisent du verset « Rends-toi chez Par’o le matin, quand il se dirige vers le Nil » qu’il se prenait pour un dieu et se vantait de ne pas avoir de besoins naturels. C’est pourquoi il se rendait au Nil discrètement le matin. Comme il est dit (Yé’hezkel 29, 3) : « Voici, Je m’en prends à toi, Par’o, roi d’Egypte, grand crocodile, couché au milieu de tes fleuves, toi qui dis : ‘‘Mon fleuve est à moi, c’est moi qui me le suis fait !’’ » : du fait de son orgueil et pour ne pas devoir se soumettre à D., il ne s’est pas repenti.

Nous retrouvons cette même attitude chez les hommes : même s’ils croient en D., savent qu’ils agissent mal et voudraient vraiment se repentir, leur orgueil les en empêche. Mais chacun de nous doit se rendre compte que D. a créé l’univers et que Lui seul peut agir, tant dans les mondes supérieurs que dans les mondes inférieurs. C’est pourquoi il faut observer Ses commandements et respecter Sa volonté afin de mériter de revenir vers D., comme il est dit « Que son cœur comprenne, qu’il s’amende et il sera guéri ! »

 

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