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Rabbi Ben Tsion Halberstam le Admor de Bobov

Les ‘hassidim racontent qu’un jour, Rabbi ‘Haïm Halberstam, de Zanz, l’auteur du Divrei ‘Haïm, vint chez son petit-fils Rabbi Chelomo, le fondateur de la maison de Bobov, et vit son arrière petit-fils, le bébé Ben Tsion, dans son berceau avec ses petites jambes qui sortaient. Il regarda un moment les jambes du bébé et dit : « Ce que je n’ai pas eu le temps de corriger pendant toute ma vie, mon petit-fils Ben Tsion le corrigera avec les jambes que voici. » Et effectivement, le petit-fils ne déçut pas le père de son grand-père, Rabbi ‘Haïm. Le bébé Ben Tsion occupa un poste élevé dans le judaïsme de Pologne, et devint l’un des fidèles dirigeants de la ’hassidout.

Il est né de Rabbi Chelomo en 5634 (1874) à Bokovsk, en Galicie, dont son père était le Rav. Il était fils unique, et d’après le conseil de son grand-père, l’auteur de Divrei ‘Haïm, il fut appelé Ben Tsion.

Mais le bébé se mit debout et l’on s’aperçut immédiatement qu’il avait des talents extraordinaires ainsi que de belles qualités. A l’âge de douze ans, il faillit se noyer dans le fleuve, et quand il fut sauvé de l’eau et rencontra son oncle, le Rav de Schinvaveh, celui-ci lui demanda : « A quoi as-tu pensé quand tu étais en mauvaise posture ? » Le jeune Ben Tsion répondit : « J’ai pensé à mon grand-père Rabbi ‘Haïm, l’auteur de Divrei ‘Haîm. » Quand le Rav lui demanda de nouveau : « Pourquoi n’as-tu pas pensé au Créateur du monde ? » Il répondit immédiatement : « J’ai pensé à un homme qui était le serviteur du Maître du monde. »

Quand il eut presque treize ans, son père l’emmena chez Rabbi Yéhochoua, le Admor de Belz. Le Rabbi de Belz lui demanda de chanter les versets des Psaumes : « Cantique des degrés, je lèverai mes yeux vers les montagnes ». Le Rav écouta le garçon et dit : « Son chant est imprégné de crainte du Ciel. »

Dès sa petite enfance, il était remarquable par sa grande assiduité dans la Torah et la ‘hassidout. Il était merveilleusement travailleur. Dès le lever du jour jusque tard dans la nuit, il restait assis dans sa chambre à étudier la Torah. Rabbi Betsalel, dayan à Jérusalem, raconte : « Un jour, je dormais dans la même chambre que le jeune Ben Tsion, et quelle ne fut pas ma surprise de voir le garçon assis dans un coin au milieu de la nuit en train d’étudier la Torah ! »

Après la mort de son père, le Admor de Bobov, Rabbi Ben Tsion fut couronné en 5665 (1905), à l’âge de trente et un ans, dirigeant des milliers de ‘hassidim de Bobov.

Son premier soin fut de renforcer la célèbre yéchivah de Vijnitz, que son père avait fondée alors qu’il était Rav de Vijnitz. Sous sa direction, elle atteignit un niveau élevé et devint célèbre comme un lieu de Torah, de crainte du Ciel et de ‘hassidout d’où sortirent de grands rabbanim, des talmidei ‘hakhamim et des étudiants pieux et actifs.

Rabbi Ben Tsion consacrait la plus grande partie de son temps aux élèves de la yéchivah et se dévouait à eux de tout son cœur et de toute son âme. Il priait avec eux, étudiait avec eux, mangeait avec eux le matin et le soir, et parlait avec eux comme avec des amis. Il s’intéressait aux détails de la vie et de la situation de chacun, au point que chacun avait l’impression que le Rabbi était un père qui partageait ses soucis, souffrait avec lui et se réjouissait avec lui. Pendant les jours de jeûne, le Rabbi avait l’habitude de rassembler les élèves de la yéchivah après la prière du matin et de les faire mettre en rang dans la Ezrat Nachim du beith midrach. Il passait lui-même dans les rangs, regardait chacun, et en fonction de ce qu’il voyait il ordonnait à chaque garçon faible d’interrompre le jeûne et d’aller manger. Le Rabbi se considérait comme responsable non seulement des progrès spirituels de ses élèves mais aussi de leur santé. Il n’est donc pas surprenant que les élèves de Bobov se soient attachés à leur Rav et qu’ils l’aient aimé de tout leur cœur et de toute leur âme.

Les chants et la musique occupaient une place importante chez les ‘hassidim de Bobov. Le Rabbi est considéré comme l’un des grands compositeurs des mélodies ‘hassidiques. Par sa prière et ses chants, il fit revenir de nombreuses personnes sur le droit chemin. Il suffisait à un jeune de poser le pied sur le seuil de la maison du Rav pour devenir un autre homme. Tous les Chabat de l’année venaient à Bobov des rabbanim, de grands érudits et des juifs ordinaires, et toute parole de Torah qui sortait de la bouche du Rav rentrait dans le cœur de ceux qui venaient. Son influence sur ses ‘hassidim était grande et profonde.

Quand les élèves devinrent trop nombreux, le Rabbi de Bobov fut obligé d’ouvrir d’autres branches de la yéchivah « Ets ‘Haïm » (c’était son nom) dans d’autres villes, et au cours du temps furent fondées six yéchivot dans toute la Galicie occidentale et moyenne. Quand il venait rendre visite à ses ‘hassidim dans diverses villes, il commençait par le beith midrach des ‘hassidim de Bobov. Il disait : « Pour moi, un beith midrach n’est digne d’être appelé beith midrach des ‘hassidim de Bobov que si l’on y trouve cent cinquante jeunes gens en train d’étudier. »

Le Rabbi de Bobov était aimé du peuple. Il faisait toujours partie de ceux qui luttaient pour la Torah. Il entretenait une correspondance avec Rabbi ‘Haïm Ozer Grodjinski, le Rav de Vilna, et le dirigeant du judaïsme à cette époque. Il participait aux malheurs de la communauté et se préoccupait du sort de ses frères les bnei Israël qui étaient persécutés et emprisonnés. En 5699 (1939), le gouvernement allemand expulsa des milliers de juifs qui étaient natifs de Pologne et vivaient depuis des années en Allemagne, et les laissa au-delà de la frontière dans le dénuement le plus total. Le gouvernement polonais, de son côté, ferma ses portes et ne les laissa pas entrer, si bien que les juifs restèrent en plein air. Alors le Rabbi de Bobov s’adressa dans une lettre ouverte à ses frères les bnei Israël  pour qu’ils aient pitié de ces malheureux, et il écrivit aux réfugiés pour les encourager et les empêcher de désespérer du salut de Dieu qui vient en un clin d’œil.

Outre sa sagesse et sa grandeur en Torah, Rabbi Ben Tsion Halberstam était également versé dans les affaires de ce monde. Il savait parfaitement clarifier la loi dans les affaires des hommes entre eux. Son visage rayonnait l’intelligence et toute sa personnalité exprimait la majesté.

Voici ce qui se passa dans une petite ville : l’un des habitants, qui était un non-juif et vendait de la viande, fut assassiné. Les soupçons se portèrent sur son associé, qui fut arrêté. Mais bientôt, les non-juifs accusèrent un juif d’être coupable du meurtre. Le chef de la police ne savait que faire. Comme le Admor était célèbre pour sa sagesse et son bon sens, le juge s’adressa à lui pour lui demander conseil : comment pouvait-on découvrir le véritable assassin, alors que les deux accusés niaient tout rapport avec l’affaire ? Le Rav donna le conseil suivant : qu’on amène les deux accusés sur la tombe du défunt, et qu’on ouvre la tombe. Ensuite chacun des accusés s’approchera du cadavre et lui tendra la main. Quand le véritable meurtrier tendra la main à la victime, celle-ci lui saisira la main avec force et ne le laissera plus partir.

Le juge accepta ce conseil. Les deux accusés furent amenés sur la tombe ouverte, le juif s’approcha le premier, mit sa main dans celle du cadavre, et il ne se passa rien. Arriva le tour de l’accusé non-juif. Il s’approcha de la tombe et se mit à genoux en tremblant de tout son corps. Il fit le signe de la croix comme les chrétiens et dit : « Je l’ai assassiné. Je demande pardon. » Le nom du Rabbi fut exalté dans tout le pays.

Parfois il faisait aussi des mots d’esprit et des réponses facétieuses. On raconte qu’une fois il arriva dans une ville et que des milliers de ‘hassidim qui avaient attendu en dehors de la ville voulurent dételer les chevaux de sa voiture et la tirer eux-mêmes. Le Rabbi ne le leur permit pas. « Toute ma vie, dit-il, je travaille dur pour transformer des chevaux en hommes, et maintenant vous venez me demander de transformer des hommes en chevaux ! »

Avec l’arrivée de l’Holocauste, quand les Nazis rentrèrent en Pologne, le Rabbi de Bobov s’enfuit avec ses fils et ses gendres dans la ville de Lwov, qui se trouvait alors en zone russe. Ses ‘hassidim dans le monde entier s’efforcèrent de le sauver, et de l’amener aux Etats-Unis, mais en vain. En juillet 1941, le Allemands rentrèrent dans Lwov, firent sortir les juifs de leurs maisons et les menèrent à la mort. Le Rabbi en faisait partie. C’était un vendredi avant le coucher du soleil. Il portait ses vêtements de Chabat et avait son chapeau sur la tête. Les brutes le frappèrent à la tête avec leurs fusils et sa kipah tomba par terre. De temps en temps, il se penchait pour la reprendre, et ils continuaient à le frapper. Son âme pure et sainte monta aux Cieux le 4 Av 5701 (1941)

Par la miséricorde divine, son fils Rabbi Chelomo fut sauvé. En 5706 (1946), après beaucoup d’errances et de souffrances, Rabbi Chelomo arriva aux Etats-Unis, et rétablit le royaume de la Torah et de la ‘hassidout de Bobov.

 

 
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