Les souffrances font partie de la Rédemption

Moïse retourna vers l’Eternel, et dit: «Seigneur, pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple? Pourquoi m’as-Tu envoyé?» (Exode 5:22). L’Eternel dit à Moïse: «Tu verras maintenant ce que Je ferai à Pharaon, une main puissante le forcera à les laisser partir, une main puissante le forcera à les chasser de son pays» (id. 6:1).

Comment peut-on concevoir que Moïse, le pasteur fidèle, «l’homme de Dieu» (Deutéronome 33:1) puisse parler sur un tel ton à Dieu. Et si cette mission est source de mal pour les enfants d’Israël, c’est qu’il y a sans nul doute une raison. Dieu n’est-il pas la «cause des causes»?

C’est que Moïse pensait que les enfants d’Israël étaient complètement désespérés et ne pensaient même plus à la Rédemption... En leur annonçant la nouvelle de leur libération prochaine, il leur avait fait reprendre confiance. «Et le peuple crut. Ils comprirent que l’Eternel s’était souvenu des enfants d’Israël, qu’Il avait vu leur souffrance; et ils s’inclinèrent et se prosternèrent» (Exode 4:31). Or, en prenant maintenant connaissance des nouvelles sentences rigoureuses, leur désespoir et leur déception allaient grandissant.

Imaginons un homme assailli de toutes parts de difficultés, couvert de dettes, ne pouvant ni manger ni dormir, qui essaie sa dernière chance et achète un billet de loterie. Quelques jours plus tard, on lui annonce qu’il vient de gagner le premier prix: une somme fabuleuse. Il commence déjà à rêver: palais somptueux, domestiques, mariage des enfants, remboursement de dettes, que sais-je... Or voici qu’on vient lui annoncer qu’il y avait erreur et que ce n’est pas lui l’heureux gagnant, ou bien qu’il gagnera ce prix plus tard! Ne valait-il pas mieux ne rien lui dire que de lui causer une pareille désillusion?

C’est dans cet état d’esprit que se trouvaient alors les enfants d’Israël, après qu’on leur eut annoncé qu’ils allaient passer de la servitude à la liberté et que leur vie changerait enfin. Or voilà que Pharaon les accable de travaux encore plus pénibles. Complètement désespérés, ils se tournent vers Moïse et Aharon: «Vous nous avez rendus odieux à Pharaon et à ses serviteurs; vous avez mis une épée dans leurs mains pour nous faire périr» (id. 5:21).

«J’aurais mieux fait de ne pas leur annoncer la nouvelle de la Rédemption, dit alors Moise à l’Eternel, j’aurais dû la leur annoncer seulement après leur châtiment complet et leur rectification des étincelles de sainteté» (voir Or Ha’haïm, Genèse 49:9).

Ces propos valurent certes à Moïse d’être réprimandé d’avoir, contrairement à Avraham, Isaac et Jacob, entretenu des doutes quant aux desseins de Dieu (Sanhédrin 111a; Chémoth Rabah 5:22). Mais Dieu ne lui en voulut pas réellement, car Il savait que seul l’amour qu’il portait aux enfants d’Israël avait dicté à Moïse de tels propos, et qu’il était prêt à sacrifier sa vie pour eux.

«Tu verras maintenant (’ata)» dit alors l’Eternel à Moïse. Or comme nous l’avons vu (Béréchith Rabah 21:6; 38:14), ce terme (’ata) dénote toujours le concept de repentir, comme il est écrit: «Ata, maintenant, Israël, que te demande l’Eternel, ton Dieu, si ce n’est que tu Le craignes?» (Deutéronome 10:12). En d’autres termes, les souffrances que leur infligent les Egyptiens, les pousseront au repentir, et ils achèveront la rectification des étincelles de sainteté. Car nos Sages ont enseigné: «Seules les souffrances font expier les fautes et conduisent au repentir» (Ména’hoth 53b). «Dieu inflige des souffrances à celui qu’Il aime» (Bérakhoth 5a). Il revient alors vers Lui, et peut accéder jusqu’au Trône Céleste (Yomah 86b; Pesikta Rabah 45:9). Seul Dieu l’aide alors à triompher de son mauvais penchant (Soucah 32b; Kidouchine 30b).

 

 

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