le désir le plus profond d’un juif est de faire la volonté du créateur

« Et toi, ordonne aux bnei Israël et ils prendront pour toi une huile pure d’olives concassées pour le luminaire, afin d’alimenter les lampes en permanence » (27, 20).

« Que notre maître nous enseigne, à quel âge circoncit-on un enfant ? Nos Sages enseignent : on circoncit un enfant à l’âge de huit jours. Pourquoi ? Au même âge où Yitz’hak a été circoncis. Rabbi Chimon bar Yo’haï dit : Un homme n’a rien de plus cher que son fils, et il le circoncit. Pourquoi ? Rabbi Na’hman bar Chemouël dit : pour faire la volonté de son Créateur. Il voit le sang de son fils couler et l’accepte avec joie. Rabbi ‘Hanina dit : Non seulement cela, mais il fait des dépenses et en fait un jour de fête, ce qui ne lui a pas été ordonné. » (Tan’houma sur le début de Tetsavé)

C’est un midrach étonnant : quel rapport y a-t-il entre la mitsva de la circoncision et la façon dont les bnei Israël l’accomplissent, et notre paracha ? Du contenu de ce midrach, il faut comprendre que Rabbi Chimon bar Yo’haï met l’accent sur cette chose étonnante que le père circoncit son fils en portant atteinte à ce qu’il a de plus cher. Quand le Midrach s’étonne et demande pourquoi, comment est-il possible qu’un père aimant fasse cela à son fils, Rav Na’hman bar Chemouël répond : « pour faire la volonté de son Créateur ». Qu’est-ce qu’il a ajouté ? Il est évident que nous le faisons pour accomplir les mitsvot de Hachem ! Qu’est-ce que cela nous ajoute à la compréhension de cet étonnement devant l’accomplissement de la mitsva de la circoncision par le père, qui aime son fils ? D’où a-t-il cette extraordinaire force morale de couper la chair de son fils bien-aimé ?

Pour l’expliquer, il faut d’abord faire une remarque sur la façon dont s’exprime le verset : « et toi, ordonne… et ils prendront pour toi. Que signifie « ils prendront pour toi » ? Il aurait mieux valu dire « afin qu’ils prennent pour toi ».

Les Sages ont dit (Midrach Hagadol) : « Et toi, ordonne », c’est une façon d’encourager, pour tout de suite et pour toutes les générations. Le Ba’al HaTourim souligne qu’il y a un ordre à propos de la menora, et aussi à propos de l’holocauste perpétuel : « Ordonne aux bnei Israël », parce que ces deux mitsvot doivent être            accomplies tous les jours, et comportent une perte financière. Il y a donc lieu d’encourager, c’est pourquoi la mitsva est donnée sous forme d’un ordre.

Hachem s’adresse à Moché et lui dit : « Et toi, ordonne aux bnei Israël. » Bien que cette mitsva comporte une grande difficulté, car elle implique une perte financière, or l’homme aime son argent plus que son propre corps, ordonne tout de même aux bnei Israël de le faire, et encourage-les. Hachem lui annonce qu’ils « prendront pour toi », ils écouteront certainement ta voix et t’amèneront ce qu’il faut, malgré la difficulté et la perte financière que cela comporte. Alors, tu te rendras compte de l’ampleur de leur dévouement pour les mitsvot, et tu seras assuré qu’ils te l’amèneront et obéiront à tes ordres. Ici, le Saint béni soit-Il révèle à Moché la nature et le caractère des bnei Israël, qui quand on exige d’eux, donnent, obéissent, écoutent la parole de Hachem et ne se détournent ni à droite ni à gauche de tout ce qu’on leur a ordonné.

Cette idée se trouve confirmée par le Midrach (Tan’houma Tetsavé 6) : « Et toi, ordonne – le Saint béni soit-Il a dit à Moché : Je t’ai fait roi. De même que le peuple d’un roi obéit à ses ordres, toi aussi donne-leur des ordres et ils les accompliront. » Le Saint béni soit-Il lui a dit de cette façon que les bnei Israël exécuteraient ses décrets, bien que cela comporte une perte financière.

Nous devons maintenant expliquer le rapport entre la mitsva de la circoncision et notre paracha. Intellectuellement, le mitsva de la circoncision fait partie des plus difficiles à réaliser : couper la chair d’un bébé impuissant qui vient juste de naître ! Non seulement cela, mais c’est son père, qui l’a engendré et qui l’aime, qui en a reçu l’ordre. Et c’est justement cette mitsva-là que tout Israël accomplit avec joie et de tout cœur. Il ne vient à l’esprit d’aucun juif de l’esquiver à cause de son amour et de sa pitié pour son fils. Rabbi Chimon bar Yo’haï a bien mis en valeur le niveau spirituel du peuple d’Israël, qui accomplit cette mitsva difficile avec dévouement. Rav Na’hman bar Chemouël nous a révélé la source de cette force et de cette puissance pour accomplir la mitsva de la circoncision en trois mots : faire la volonté du Créateur. C’est cela la caractéristique du juif, qui lui permet de trouver la force d’accomplir la mitsva de la circoncision. L’âme juive aspire à faire la volonté de son Créateur. Avant tout autre sentiment ou émotion présents dans le cœur, il y a une volonté puissante qui dépasse tout, celle de faire la volonté de Hachem. C’est une qualité innée chez tout juif quel qu’il soit, et par la force de cette volonté il se dévoue entièrement et donne son fils pour accomplir la volonté de Hachem. Rabbi ‘Hanina renforce encore cette idée en disant : non seulement cela, mais il fait des frais et en fait un jour de fête, ce qui ne lui a pas été ordonné. S’il se réjouit quand on circoncit son fils, il le fait nécessairement volontiers (dans son aspiration à obéir à Hachem), ce n’est pas par obligation ou par crainte. La preuve en est la joie, qui ne vient que lorsqu’on est parfaitement en accord avec ses actes et satisfait de ce qu’on accomplit. Or quand on mérite de réaliser ses aspirations et son désir de faire la volonté de Hachem, la joie éclate et monte, on fait des frais et on en fait un jour de fête.

Tout juif possède cette qualité, cette aspiration à donner de la satisfaction au Saint béni soit-Il et à accomplir Sa parole avec dévouement. Mais parfois, au fil du temps, elle se recouvre de poussière et s’endort à cause du mauvais penchant et des désirs du monde, et il faut la réveiller et la renouveler, comme le dit le Rambam dans les Hilkhot Guerouchin (ch. 2, halakha 20) : dans le cœur de tout juif, quel qu’il soit, est implanté le désir intérieur et profond d’accomplir toutes les mitsvot et de s’éloigner des transgressions, et c’est son mauvais penchant qui parfois l’en empêche.

C’est ce que Hachem a dit à Moché dans notre paracha : quand tu leur donneras des ordres, tu t’apercevras qu’immédiatement, « ils prendront pour toi », ce qui vient en premier dans l’aspiration et la volonté d’un juif est d’accomplir les mitsvot du roi, et même avec dévouement, y compris quand cela comporte une perte financière. Et c’est une merveilleuse explication de la mitsva de la circoncision.

 

 

L’influence de Moïse sur toutes les générations
TABLE DE MATIERE
PARACHAT KI TISSA

 

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