L’humilité et l’abaissement sont l’héritage des benei Israël

« Voici (zot) quelle sera la loi (Torah) du lépreux le jour où il se purifiera : on l’amènera au cohen » (Lévitique 14, 2).

On peut dire par allusion que la Torah s’appelle zot (Mena’hot 53b), ainsi qu’il est écrit : « Voici (zot) la Torah » (Deutéronome 4, 44), ce qui s’applique aussi à : « Voici (zot) quelle sera la loi (Torah) du lépreux ». Ce n’est que par la Torah, qui s’appelle zot, que le lépreux peut se purifier du temps qu’il a perdu en n’étudiant pas la Torah et de l’orgueil qui est en lui. Mais cette purification n’est pas encore suffisante, elle ne devient totale qu’après l’offrande de son sacrifice, quand il s’est abaissé devant Dieu. [Note du rédacteur : voir également les « Quelques remarques » à la fin de notre parachah.]

Ceci constitue une réponse à une opinion courante selon laquelle on trouve aussi chez les autres peuples des gens qui s’abaissent devant Dieu et aident le prochain (cf. Lévitique 19, 18) avec beaucoup de dévouement et d’humilité. Ce n’est pas vrai ! Même quand nous voyons un non-juif considéré comme un juste par ses amis, qui aime la paix et la recherche par tous les moyens, il ne se conduit avec humilité et simplicité que pour que tout le monde l’honore. Certes, Dieu ne prive personne de sa récompense, même s’il s’est contenté de dire une bonne parole (Baba Kama 38b, Nazir 23b), c’est pourquoi sa photo paraît dans les journaux, bien qu’il n’ait agi que par désir des honneurs.

La véritable humilité, on ne la trouve que chez ceux qui étudient la Torah et savent l’apprécier. Du fait qu’ils sont conscients de la grandeur de Dieu, leur cœur se brise en eux et ils arrivent à s’abaisser, comme l’écrit le Rambam (Hilkhoth Yessodoth HaTorah, ch. 4 halakhah 12). On trouve également des  manifestations d’humilité chez d’autres peuples, et il y a un concept de « justes des nations », car Dieu sonde les reins et les cœurs, Il connaît les véritables justes et leur donne une pleine et entière récompense sous forme de richesse et d’honneurs en ce monde, à moins qu’ils n’aient eux aussi part au monde à venir, comme l’ont dit les Sages (Tossefta Sanhédrin 13, Rambam Hilkhoth Techouvah ch. 3 halakhah 4), mais il est évident que leur humilité n’a aucune vraie profondeur.

Alors que Nadav et Avihou, qui ont offert un feu étranger, ont agi en tout avec une grande ferveur, d’une qualité qui n’existe pas chez les non-juifs, car elle ne leur serait d’aucune utilité immédiate. Ils ont agi entièrement par amour du ciel et pour s’élever (cf. Lévitique 16, 1) en s’approchant de Dieu, comme l’a dit Moïse à son frère Aaron : « Je sais qu’ils sont plus grands que moi et que toi » (Vayikra Rabah 12, 2, Rachi Ibid.). Ils voulaient simplement mener les benei Israël encore plus loin, ce qui représentait pour eux un dévouement immense, comme nous l’avons expliqué dans la parachat Chemini.

J’ai entendu parler ces derniers temps d’un certain chef d’Etat qui s’est suicidé. Comment est-il possible qu’un homme intelligent, qui se trouve à la tête d’un grand pays, mette ainsi fin à ses jours ? C’est que « la fin témoigne de ce qu’était le début » (Guittin 66a, ‘Houlin 39b) : quand il gouvernait, tout le pays était en grand danger, et qui sait où les choses auraient fini par en arriver ! Mais comme on le sait, « le cœur d’un roi est dans la main de Dieu » (Proverbes 21, 1), et seul Dieu a sauvé le peuple de la destruction.

A quoi cela ressemble-t-il ? A un grand ballon qui de l’extérieur a l’air de peser des milliers de tonnes, alors que quand on le soulève, on s’aperçoit qu’il est très léger, puisqu’il n’est rempli que d’air. De même, une personne qui n’a pas de Torah, même si c’est un grand sage, est totalement vide de contenu, comme ce ballon qui est creux à l’intérieur... De plus, quelqu’un dont l’intérieur est vide, à plus forte raison s’il n’est pas juif, n’est capable d’endurer des épreuves qu’à l’intérieur de certaines limites. Quand il ne peut plus les supporter, malgré son éventuelle sagesse, il met fin à sa vie. Alors que celui qui est rempli de Torah, même s’il est accablé de souffrance et de problèmes, arrive malgré tout à les supporter, car la Torah et la foi le soutiennent et l’aident continuellement.

On peut encore dire pour expliquer le verset « Voici (zot) quelle sera la loi (Torah) du lépreux » que la loi de la Torah, c’est l’humilité. Même si ce lépreux est grand en Torah et rempli de bonnes actions, on l’amènera au cohen, car il doit s’abaisser en aller trouver celui qui lui est supérieur en sagesse et en Torah (voir Baba Batra 116a), pour apprendre de lui Torah, sagesse et bonne conduite.

C’est ce qu’on constate chez Na’aman le lépreux (II Rois 5), qui est allé trouver le prophète Elisée. Celui-ci lui a dit de se tremper dans le Jourdain pour se purifier de sa lèpre, et c’est ce qui s’est produit. Pourquoi Elisée ne lui a-t-il pas plutôt donné une bénédiction, ou ne l’a-t-il pas envoyé au cohen ensuite ?

Il savait par l’esprit saint que la lèpre de Na’aman ne provenait que de son orgueil, dont témoigne la colère qu’il a manifestée contre le prophète avant de venir le trouver avec son bataillon jusqu’au seuil de sa maison, parce que ses serviteurs avaient réussi à le convaincre d’essayer. La seule solution était donc pour lui de s’abaisser, de s’humilier et de descendre dans l’eau. C’est uniquement ainsi qu’il pourrait se purifier. Chez les benei Israël, l’eau fait allusion à une descente dans les profondeurs de la Torah, « l’eau représente toujours la Torah » (Baba Kama 17a, Tana Debei Eliahou 2, 18). Le secret du mikvé est que l’on s’abaisse dans cette eau. C’est pourquoi chez Na’aman, il fallait une descente dans l’eau comme préparation à la conversion au judaïsme, afin de contribuer à dissoudre son orgueil.

La réparation de l’orgueil consiste donc à se plonger dans la Torah, et aussi à aller trouver les tsaddikim de la génération pour qu’ils vous aident à le vaincre, ce qui équivaut à se rendre au Temple pour y offrir un sacrifice. C’est effectivement ce que doit faire le lépreux une fois qu’il est purifié : il apporte un sacrifice pour ne plus retomber dans l’orgueil. C’est aussi ce qu’a fait Na’aman après avoir été guéri et purifié : il est revenu chez Elisée pour le remercier de son aide et des directives qu’il allait lui donner désormais, ainsi qu’il est dit : « Je sais à présent qu’il n’y a pas d’autre Dieu sur terre qu’en Israël » (II Rois 5, 15). Ensuite, par la conversion au judaïsme et l’acceptation du joug du royaume des Cieux, il est arrivé à une connaissance totale du Créateur.

 

Comment réparer la médisance
Table de matière
La gravité de la médisance, et sa purification

 

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