L’assiduité dans l’étude de la Torah procure une élévation personnelle

Concernant le verset (Béréchith 28:12): « il eut un songe; voilà une échelle dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel et des anges montaient et descendaient de l’échelle », Rabbi Berachya au nom de Rabbi Meir dit: cela nous enseigne que D. montra à Ya »akov l’ange préposé au royaume de Babylone montant et descendant, celui de la Grèce, celui d’Edom… Ya’akov fut alors saisi de frayeur et il se dit: de même que ceux-là tombent, vais-je moi aussi tomber? D. lui dit: Ne crains pas, Israël, si tu montes, tu ne retomberas pas. Mais il n’a pas eu foi en la parole de D. et il n’est pas monté… Alors D. lui dit: Si tu avais eu foi et si tu étais monté, tu ne serais jamais tombé, mais puisque tu n’as pas eu foi et que tu n’es pas monté, tes Enfants seront asservis en ce monde à ces quatre royaumes… » (Yalkout Chimoni Vayetsé 121; Béréchith Rabah 68:21).

Le Rabbin Eliahou Dessler, de mémoire bénie, auteur du livre Michtav MiEliyahou, a posé la question suivante: « Comment est-il possible que Ya’akov, l’élu d’entre les Patriarches, n’ait pas eu foi dans la parole de D.? car D. Lui-même lui a garanti que s’il montait il ne retomberait pas et qu’il ne serait pas semblable aux autres nations du monde qui montent et qui chutent. Pourquoi Ya’akov n’a-t-il pas eu foi en D. et en Sa parole? »

Il faut poser une autre question. Concernant le verset: « Et Ya’akov demeura dans le pays des pérégrinations de ses pères… » (Béréchith 37:1), Rachi rapporte le Midrach (Béréchith Rabah 84a), « Ya’akov cherchait à vivre tranquillement, et c’est pourquoi le malheur de Yossef le saisit. D. dit: la récompense qui leur est réservée dans l’autre monde ne suffit-elle pas aux Justes pour qu’il exigent en plus de vivre tranquillement en ce monde? C’est la raison pour laquelle il fut frappé par le malheur de Yossef ». Effectivement, « tous les jours de sa vie, Ya’akov a souffert. A peine la souffrance causée par Dina fut-elle apaisée, que le malheur de Yossef arriva, et ensuite celui de Chimon, etc. Il subit beaucoup de souffrances » (Tan’houma Mikets 10). Pourquoi fut-il frappé du malheur de Yossef? Pourquoi D. ne permit-il pas à Ya’akov de vivre tranquillement quelque temps en ce monde? Pourquoi l’accabla-t-il du malheur de Yossef?

Si D. ne désire pas que Ya’akov connaisse la tranquillité, pourquoi lui faire subir un malheur comme celui de Yossef, et pas un autre malheur, puisque D. a beaucoup de moyens? Pourquoi choisit-Il justement celui-là? Quel en est le sens?

Il faut comprendre que D. a Ses raisons d’empêcher Ya’akov de vivre tranquille en ce monde.

Les Sages disent concernant le verset « Si vous obéissez à Mes lois… «  (Vayikra 26:3): « étudiez la Torah » (Torah Kohanim ad. loc.), et concernant le verset: « C’est pour lui-même que travaille le laborieux » (Michlei 16:26), les Sages disent: « Il œuvre d’un côté et la Torah œuvre pour lui de l’autre » (Sanhédrin 99b). Autrement dit, l’homme doit faire des efforts pour connaître la Torah, ce qui lui permet de progresser dans les vertus les plus sublimes et de ne pas oublier ce qu’il a appris, comme il est dit (Sanhédrin 99a): « Celui qui étudie et ne révise pas ce qu’il a appris est semblable à celui qui sème mais ne récolte pas », il oublie ce qu’il a appris. D., qui sait que Ya’akov aspire à quelque repos en ce monde pour étudier la Torah dans la tranquillité, sans efforts, ne le lui permet pas, car la Torah ne se retient que si l’on peine pour l’apprendre, et non pas si elle est acquise facilement. Il fut donc frappé par le malheur de Yossef. Ya’akov, en subissant ces malheurs et ces souffrances, va passer en revue ses actes, comme le disent les Sages (Brach’oth 5a): « S’il ne trouve pas dans ses actes de raison à ses malheurs, qu’il les attribue à son abandon de la Torah ». Ainsi Ya’akov passa en revue ses actes et n’ayant pas trouvé de faute, il attribua ses malheurs à un abandon de la Torah, c’est-à-dire à un manque d’assiduité. Loin de nous la pensée que Ya’akov manquait d’assiduité, lui dont la Torah témoigne qu’il est « intègre et passe son temps dans les tentes de la Torah » (Béréchith 25:27), et qui de sa vie n’a pas abandonné la Torah. Mais compte tenu de sa grandeur, s’il étudie dans la facilité, c’est comme s’il n’acquérait rien, car D. a des exigences rigoureuses envers ses proches (les hommes vertueux) » (Yébamoth 121b). C’est la raison pour laquelle D. le frappa du malheur de Yossef. Cela explique pourquoi D. ne désire pas que Ya’akov vive dans la tranquillité en ce monde (et cela répond à la deuxième question posée).

Lorsque D. invita Ya’akov à monter sur l’échelle, lui disant que s’il montait, il ne tomberait pas, Ya’akov comprit que D. l’aiderait et lui donnerait la force de progresser, mais cela signifiait aussi qu’il ne monterait pas par ses propres moyens. C’est que Ya’akov tient de son grand-père Avraham, de qui il est dit: « Marche devant Moi et sois parfait » (Béréchith 17:1), ce qui signifie qu’Avraham avançait par ses propres forces, contrairement à Noa’h de qui il est dit « Noa’h se conduisait selon D. » (ibid. 6:9). Les Sages expliquent (Béréchith Rabah 30:10) que « Noa’h avait besoin d’aide, d’encouragement, de soutien, mais Avraham avançait de lui-même, par ses propres forces ». C’est que l’essentiel des efforts de l’homme doit être consacré à progresser par ses propres moyens, sans compter sur l’aide de D. De même, le Gaon de Vilna refusa d’apprendre la Torah avec le prophète Eliahou, préférant apprendre tout seul.

C’est aussi ce que Ya’akov pensait. Il voulait grimper l’échelle par ses propres forces. Et D., voyant que Ya’akov refusait Son aide afin de mettre en œuvre ses propres forces, lui dit: « Tes descendants seront asservis à quatre royaumes », ils seront exilés, car c’est en exil que l’on est pourchassé, et c’est alors qu’il faut apprendre à surmonter tous les obstacles, et à s’élever par ses propres forces, sans l’aide de D. (ce qui explique la question du Rav Dessler, de mémoire bénie). Nous voyons qu’effectivement Ya’akov s’efforça d’étudier la Torah toute sa vie bien qu’il ait été sans cesse pourchassé.

Nous pouvons maintenant répondre à la troisième question. Pourquoi fut-il frappé par le malheur de Yossef, et non par un autre malheur? Justement, D. dit à Ya’akov: Tu as choisi de progresser par tes efforts personnels, sans Mon aide? Dans ce cas, qu’as-tu besoin de vivre tranquille? Yossef et sa disparition vont marquer le début de l’exil. L’exil commence maintenant, et dorénavant tu pourras servir D. de tes propres forces, comme tu le désires.

Nous trouvons une confirmation de la nécessité de progresser par des efforts personnels chez Yéhochoua, le serviteur de Moché Rabbeinou. Il est dit (Trouma 15b-16a): « Trois mille paragraphes de la loi furent oubliés pendant la période du deuil de Moché. Pourquoi? Parce que Yéhochoua désirait l’aide de D., il aspirait à bénéficier des capacités de son Maître Moché et il ne cherchait pas à s’élever par ses propres forces. Nous trouvons aussi dans le Midrach (Yalkout Meam Loez, Devarim 34:5): « Lorsque Moché disparut, Yéhochoua s’imposa un deuil trop sévère, et il pleura amèrement. D. lui dit: Pourquoi prends-tu le deuil? C’est Moi qui dois porter le deuil, quant à toi, va mener le peuple dans la voie de la Torah… » Bien que le deuil pour la disparition d’un Juste soit obligatoire, nous savons qu’un deuil prolongé risque de nous faire perde notre espoir en D. Au contraire, immédiatement après les sept jours de deuil, il faut s’armer de courage et poursuivre l’étude de la Torah. Celui qui porte le deuil trop longtemps perd plus qu’il ne gagne, comme ce fut le cas de Yéhochoua qui oublia trois mille paragraphes de la Loi.

Il ne faut pas porter le deuil trop longtemps. Il ne faut pas non plus se reposer sur le soutien des hommes vertueux qui sont comme des guides et une aide divine, car chacun doit progresser de lui-même et s’élever par ses propres efforts et sa propre observance. C’est alors que l’on méritera tous les bienfaits, en ce monde et dans l’autre.

 

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